Inauguration du premier cargo alimenté au bio-méthanol, une révolution verte pour le fret maritime?

Le fret maritime avec ses cargos propulsés au fioul lourd est un important émetteur de carbone. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le secteur représente actuellement 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (comme l'aérien) mais pourrait passer à 17% compte tenu de l’augmentation constante des volumes de marchandises échangées.
L’Organisation maritime internationale (OMI) s'est engagée à diviser par deux son empreinte carbone d'ici à 2050 et le principal levier sera, comme dans l'aérien, d'utiliser des carburants plus propres.
Outre le GNL (gaz naturel liquéfié), la filière s'intéresse de près au bio-méthanol. D'ailleurs, ce jeudi aura lieu au Danemark l'inauguration et le baptême du premier porte-conteneurs (opéré par le géant Maersk) alimenté avec ce carburant, en présence d'Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Il faut dire que le bio-méthanol a des atouts à faire valoir: 80% d'oxydes d'azote en moins par rapport au fioul lourd, quasiment aucun rejet de souffre et une limitation des émissions de CO2 de l'ordre de 60%.
De quoi accélérer la transition écologique du secteur et atteindre l'objectif visé en 2050, d'autant plus que ce carburant est compatible avec les navires existants sans modification, à l'image des SAF dans l'aérien. Par ailleurs, il n'a pas pas besoin d'être cryogénisé comme le GNL ou l'ammoniac.
La question de la massification
Maersk mise beaucoup sur ce carburant puisqu'il a commandé 24 navires qui seront propulsés au bio-méthanol, tout comme le géant français CMA-CGM qui en a commandé 18. Plus largement, une centaine de bateaux sont en commande à travers le monde chez les grandes compagnies de fret.
Mais comme avec l'hydrogène pour les automobiles et le ferroviaire ou les SAF pour l'aérien, se pose la question de la massification de la production. Une production encore émergente qui elle aussi doit être verte et donc ne pas utiliser d'énergies fossiles, tout comme celle du stockage. Et c'est là où le bât blesse. Rappelons que pour être bio, le méthanol doit être produit à base de biomasse, d'hydrogène vert ou d'énergie renouvelable.
Organiser et intensifier la filière et la production prendra du temps. Et cette problématique a pour conséquence des prix élevés par rapport au fioul maritime. Pour Maersk, on n'est jamais aussi bien servi que par soi même: le transporteur devrait investir pas moins de 10 milliards d'euros en Espagne pour lancer une production de masse.