Flambée du prix du gaz: le coût des obsèques par crémation risque de bondir

La hausse continue du prix du gaz a des conséquences néfastes sur de très nombreux secteurs, même celui des obsèques.
Car en France, les crémations (qui reposent sur l'utilisation du gaz) représentent une part de plus en plus importante dans les rites funéraires. Selon le site spécialisé Meilleures Pompes Funèbres (MPF), elles rassemblent désormais 42% des obsèques contre 32% en 2010.
Une progression qu'on doit à son coût. La crémation a en effet toujours été plus économique que les enterrements mais cet atout se dilue à mesure que le prix du gaz augmente. Car le coût de cette énergie représente 15 à 25% du prix moyen d'une crémation.
Le gaz représente 15 à 25% du coût d'une crémation
Or, le prix du gaz naturel en Europe est deux fois plus élevé en octobre qu'en début d'année et a été multiplié par 7 par rapport à début 2021 sur le marché de référence, le TTF néerlandais.
Avec un prix du gaz au plus haut et des entreprises qui renouvellent actuellement leurs contrats avec leurs fournisseurs de gaz, une augmentation des prix semble inévitable.
Et elle ne sera pas anodine selon les estimations de MPF qui table sur une hausse de 35% dès l'an prochain pour un prix moyen de la crémation de 911 euros. Alors qu'il était de 605 euros en 2017 et 675 euros cette année.
La start-up funéraire Advitam considère également que les obsèques avec crémation pourraient coûter environ 30% plus cher l'an prochain.
De son côté, l'un des principaux groupes de pompes funèbres, Funecap, confirme à l'AFP que "des hausses sont à prévoir" mais que leur montant est encore inconnu. Son principal concurrent, OGF, n'a pas souhaité s'exprimer.
"Il y a une vraie inquiétude sur le sujet dans le secteur", confirme auprès de l'AFP Antony Fallourd, directeur général du réseau de pompes funèbres Funéplus, qui craint qu'une forte hausse des prix ne renforce la mauvaise image de certains établissements du funéraire, parfois considérés comme des "profiteurs de mort".
Les communes pourraient prendre en charge une partie de la hausse
"Si les prix augmentent trop, ce n'est pas sûr que les familles puissent payer", alerte également Frédérique Plaisant, présidente de la Fédération française de crémation, qui regroupe des associations en faveur de ce rite mortuaire.
Elle redoute que cela contraigne le choix des familles entre inhumation et crémation, alors qu'il s'agit d'un "choix profond" lié aux convictions de chacun, et compte saisir le Comité national d'éthique du funéraire (CNEF) à ce sujet.
En pratique, la décision d'augmenter les prix des crémations ne peut être prise qu'au cas par cas par les communes disposant d'un crématorium: elles s'en occupent directement ou confient la gestion à un prestataire privé.
Plutôt que de faire peser la hausse des coûts sur les familles endeuillées, certaines pourraient donc décider de s'arranger avec les prestataires en baissant par exemple la "redevance d'occupation du domaine public", une somme qu'ils versent aux communes pour exploiter le crématorium, ou encore en subventionnant directement les crémations.
Rupture d'égalité des citoyens devant la mort
Les hausses de prix dépendront également de la situation de chaque crématorium. Selon Charles Simpson, auteur de l'étude de Meilleures Pompes Funèbres, elles pourraient être plus importantes pour ceux gérés par des prestataires indépendants que par des grands groupes, car ces derniers négocient plus facilement leurs contrats d'énergie et sont donc moins exposés à la hausse des coûts.
Funecap promet d'ailleurs que ses hausses de prix "ne répercuteront que partiellement la hausse du coût d'approvisionnement" et prévoit déjà d'adapter sa façon de travailler pour consommer moins d'énergie.
Pour Frédérique Plaisant, une solution au niveau national serait préférable afin d'éviter "une rupture d'égalité des citoyens devant la mort". Elle appelle donc l'État à intervenir et les fournisseurs de gaz à faire un geste, en baissant leurs tarifs pour les crématoriums.