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Électricité: vers une explosion des factures d'ici deux ans?

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D'après une étude du cabinet Colombus Consulting pour l'Union française de l'électricité, la répercussion des certificats d'économie d'énergie pourrait se traduire par une hausse de la facture annuelle de 900 à 1.000 euros par ménage en 2026.

La baisse des factures d'électricité ne pourrait être que de courte durée. Alors qu'elles devraient baisser d'"au moins 10%" au mois de février selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), elles pourraient fortement rebondir sous l'effet des certificats d'économie d'énergie (CEE). C'est l'alerte que lance le cabinet Colombus Consulting dans une étude révélée ce mardi par Le Parisien et commandée par l'Union française de l'électricité (UFE).

Depuis 2006, les CEE visent à inciter les fournisseurs d'énergie à promouvoir l'efficacité énergétique auprès de leurs clients, notamment les ménages, en leur proposant par exemple des systèmes de chauffage plus économes ou des travaux de rénovation avec à la clé une aide financière financée par les fournisseurs eux-mêmes. Bien que leur objectif soit de vendre de l'énergie, plus les fournisseurs d'énergie sont volontaristes en la matière et plus ils peuvent obtenir des certificats d'économie d'énergie qui leur épargnent d'éventuelles sanctions financières.

La place de l'immo : Qu'est-ce que le dispositif CEE ? - 26/02
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Des objectifs élevés en matière de décarbonation

A l'heure actuelle, le coût des CEE pour les fournisseurs d'énergie se traduit par une hausse des factures des clients d'au moins 4%, c'est-à-dire une moyenne d'environ 200 euros par an, et cela touche toutes les énergies, de l'électricité au gaz, en passant par le carburant ou encore le fioul. "Les objectifs de réduction de consommation d’énergie imposés à ces mêmes entreprises s’annoncent encore plus draconiens dès 2026", souligne auprès du Parisien Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting.

"L’impact pourrait alors être multiplié par cinq, et atteindre les 900 à 1.000 euros supplémentaires par ménage. À consommation égale, c’est énorme."

L'amplification des certificats d'économies d'énergie est étroitement liée aux objectifs de décarbonation que s'est fixée l'Europe dans les prochaines années: réduire ses émissions de CO2 de 55% d'ici à 2030 avant d'atteindre la neutralité carbone vingt ans plus tard. Même si elle jouit d'un vaste parc nucléaire qui lui assure une part importante d'électricité décarbonée, la France consomme encore 60% d'énergies fossiles. "A fixer des objectifs trop hauts sans se soucier de comment ça suit derrière, on crée des effets d’aubaine et des fraudes sur lesquelles tout le monde a intérêt à fermer les yeux", met en garde Nicolas Goldberg auprès du quotidien.

Par ailleurs, l'étude pour l'Union française de l'électricité pointe aussi du doigt les difficultés pour mesurer l'efficacité réelle des CEE. La semaine dernière, c'est la Cour des comptes qui avait déploré les "résultats surévalués" et les "fraudes" liés aux CEE.

Timothée Talbi