Électricité: après la hausse de février, les prix vont encore augmenter dès l'année prochaine

Une hausse de 44% en deux ans. La disparition progressive du bouclier tarifaire aura eu des répercussions significatives sur les prix de l'électricité. Instauré dans le but de protéger les Français pendant la crise énergétique, le dispositif a d'abord limité la flambée des prix à seulement 4% en 2022.
Puis le gouvernement a progressivement levé le pied à partir de l'année dernière avec d'abord une hausse de 15% au 1er février 2023 puis de 10% au 1er août. Dans la foulée de cette dernière augmentation estivale, le gouvernement avait déjà anticipé la suivante en indiquant qu'elle surviendrait au 1er février 2024 et serait limitée à 10%.
Dimanche, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a tranché en confirmant le rétablissement partiel de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE) qui était passée de 32 à 1 euro le MWh depuis deux ans:
"La facture d'électricité sur les tarifs heures pleines/heures creuses va augmenter de 9,8 % au 1er février et sur les tarifs de base de 8,6%. C'est à dire que pour 97% des ménages français l'augmentation sera sous les 10%."
Les 3% restants correspondent aux 400.000 abonnés particuliers ayant souscrit une option dite "effacement jour de pointe", telle que Tempo, pour lesquels le tarif augmentera de 10,1%.
Forte hausse des tarifs de réseaux attendue au 1er août 2025
Seulement, le prix de l'électricité ne va pas pour autant se stabiliser à long terme. Le patron de Bercy l'a d'ailleurs lui-même reconnu sur le plateau de TF1 dimanche soir.
"C'est la dernière hausse de cette taxe sur l'année 2024. La prochaine sera au 1er février 2025, nous reviendrons à la situation qui était celle d'avant le bouclier tarifaire."
Concrètement, l'accise sur l'électricité augmentera de nouveau pour rejoindre son niveau pré-bouclier tarifaire en passant de 21 à 32,44 euros le MWh. "Nous faisons les deux tiers du chemin mais pas l'intégralité du chemin dans le rétablissement de l'intégralité de cette taxe. Nous reviendrons à la normale le 1er février 2025", a détaillé Bruno Le Maire lors d'un appel avec des journalistes.
Mais cette augmentation ne sera pas la seule l'année prochaine. Pire, elle pourrait même ne pas être la plus importante en 2025. "Tous les quatre ans, au 1er août, le tarif d'utilisation du réseau public d'électricité (TURPE) est revu, rappelle Nicolas Goldberg, partenaire chez Colombus Consulting. Enedis a dit qu'il avait besoin de 100 milliards d'euros à l'horizon 2040 et RTE de 33 milliards d'euros d'ici 2035."
Et ces besoins d'investissements seront répercutés sur le consommateur comme l'évoquait lundi matin sur le plateau de BFMTV Jean-Yves Mano, président de l'association CLCV (Consommation Logement Cadre de vie):
"Dans la discussion qui s'ouvre au mois de février avec la Commission de régulation de l'énergie (CRE), il sera question de la nécessité d'augmenter les réseaux en fonction du développement du chauffage électrique, des voitures électriques, etc. On doit organiser les réseaux de façon différente et c'est le consommateur qui va payer à partir de 2025."
Financement des lourds investissements d'EDF
À ces besoins d'investissements des gestionnaires du réseau de distribution et du réseau de transport électrique, s'ajoutent ceux également colossaux d'EDF pour entretenir le parc nucléaire existant mais aussi construire les futurs réacteurs. Au-delà des six nouveaux déjà prévus depuis deux ans, Emmanuel Macron a d'ailleurs confirmé la construction des huit supplémentaires lors de sa conférence de presse mardi dernier en indiquant qu'il en annoncerait "les grands axes" cet l'été. Il y a quelques mois, le patron de l'EDF Luc Rémont avait estimé que les investissements annuels de l'énergéticien s'élèverait à 25 milliards d'euros dans les prochaines années.
Une partie sera supportée par les clients du groupe, qu'il s'agisse des particuliers ou des entreprises, comme l'a rappelé le PDG de Totalenergies Patrick Pouyanné au micro de BFM Business en fin de semaine à Davos. Dans cette optique, EDF et l'État sont parvenus l'automne dernier à un accord sur un prix de l'électricité nucléaire autour de 70 euros le MWh après la fin du dispositif de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique) fin 2025. "Aujourd'hui, on a toujours l'Arenh qui protège les Français [NDLR: une partie de l'électricité produite par les centrales est vendue à 42 euros le MWh]", constate Nicolas Goldberg.
"Mais à plus long terme, les tarifs dépendront de l'évolution des prix du marché et comme le système est couplé avec les autres pays européens, il n'y a pas de raison pour que les prix français ne rejoignent pas ceux des voisins."
Sur le plateau de Good Evening Business mardi soir, la présidente de la CRE Emmanuelle Wargon a souligné que les prix seraient susceptibles de descendre sous la barre des 70 euros le MWh "par moment" à l'avenir. Mais en fonction des variations du marché, ils pourraient également se situer bien au-delà.