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Crise énergétique: pour RTE, "il faut parier sur un hiver où on sera très importateur d’électricité"

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Invité de Franceinfo, Xavier Piechaczyk a indiqué que la baisse de la consommation d'électricité était principalement due aux gestes de l'industrie. Mais la France devra importer de l'électricité cet hiver.

Cela s'appelle à un ultime appel à la mobilisation. En ce premier jour de l'hiver météorologique, Xavier Piechaczyk était l'invité de la matinale de France Info pour évoquer la situation du réseau électrique français. Les préoccupations des Français au sujet des possibles coupures de courant vont croissantes alors que l'Hexagone s'apprête à entrer dans le coeur de la période hivernale synonyme de tensions sur le réseau.

Baisse de la consommation des industriels

Le président du directoire de RTE est notamment revenu sur la contribution des différents postes à la baisse de la consommation de 6% récemment observée.

"C’est essentiellement tiré par la grande industrie qui a réduit sa production car l’électricité coûte très cher ou certains secteurs ont des difficultés d’approvisionnement comme l’automobile", a résumé Xavier Piechaczyk.

Il a également indiqué que les particuliers commençaient à baisser leur consommation conformément au plan de sobriété énergétique mais que ces écogestes n'avaient jusqu'ici permis qu'une très faible économie d'électricité, à hauteur de 1%.

"En revanche, on ne voit pas encore de baisse de la consommation dans le tertiaire donc il faut que les entreprises se mobilisent, a-t-il exhorté. Elles peuvent passer à l’éclairage LED, moins chauffer et que les immeubles soient éteints lorsqu’ils sont vides."

La France va beaucoup plus importer que d'habitude

Le représentant du gestionnaire du réseau de transport d'électricité a insisté sur la corrélation entre la situation de ce réseau et les conditions météorologiques cet hiver. "S’il fait chaud, on n’aura pas de jours Ecowatt rouge. Si c’est un hiver normal, on en aura quelques-uns et si l'hiver est très froid, on en aura plus", a expliqué Xavier Piechaczyk.

Alors que la capacité nucléaire actuelle se situe autour de 35 GW, Xavier Piechaczyk table sur un objectif de 40 GW au tout début de l'année prochaine et de 43 GW à la fin du mois de janvier. Le recours aux importations dans des proportions particulièrement importantes est ainsi probable.

"La France est très légèrement importatrice sur l’ensemble de l’année et il faut parier sur un hiver où on sera très importateur d’électricité et ce ne sera pas seulement avec l’Allemagne, a-t-il estimé. On sera globalement importateur d’électricité sur la plupart des pays qui nous entourent et notamment le Benelux. Historiquement, la France était très exportatrice car elle avait un gros parc nucléaire. Il y a des difficultés passagères donc on importe de l’électricité d’Allemagne mais aussi du Royaume-Uni, d’Espagne et d’Italie".

A ce titre, le président du directoire de RTE a justifié la prolongation des centrales à charbon qui, bien qu'elles ne représentent que 1 à 2% de la production d'électricité, vont servir de filet de sécurité en cas de pointe de tension. "Nous sommes contraints de prolonger cette centrale car nous manquons d’autres moyens de production en raison du retard de l’EPR mais aussi à cause de la lenteur dans les énergies renouvelables", a-t-il déploré.

Un hiver 2023-2024 peut-être pas si tendu?

Le représentant du gestionnaire du réseau de transport d'électricité a aussi abordé les risques de coupures de courant et les délestage qui pourraient concerner jusqu'à plusieurs millions de Français par épisode. "Lorsqu’on programme un plan de coupures tournantes et localisées et temporaires d'une durée de deux heures, soit entre 8 et 10h soit entre 18 et 20h, on ne vise pas telle ou telle région plus précisément", a-t-il précisé.

"Nous allons avertir d’un délestage quelques jours avant tout en rappelant qu’on peut l’éviter si chacun fait les éco-gestes nécessaires, notamment les entreprises. On peut annuler ces coupures jusqu’au dernier moment."

Enfin, Xavier Piechaczyk a également livré ses perspectives pour l'hiver 2023-2024 qui suscite des inquiétudes en raison de la fin des importations européennes de gaz russe mais aussi du probable redémarrage de la demande chinoise, actuellement en berne en raison de la politique sanitaire drastique qui fait tourner l'économie au ralenti. Le patron de RTE s'est plutôt montré optimiste au sujet de l'approvisionnement en électricité.

"Le prochain hiver sera moins tendu sur l’électricité car EDF aura remis des centrales nucléaires sur le réseau d'ici là, prévoit Xavier Piechaczyk . Il sera moins tendu que cet hiver vu de maintenant."

Timothée Talbi