Coupures de courant, baisse de tension... Les solutions en cas de pénurie d'électricité

Va-t-on manquer d'électricité à Noël? Une quinzaine de réacteurs nucléaires sont actuellement arrêtés. D'autant qu'il faut ajouter les basses températures, la faiblesse de la production de l'énergie éolienne en raison du manque du vent, la fermeture des centrales fossiles ou encore la fermeture de la centrale de Fessenheim. "Il y a effectivement des raisons de s'inquiéter", souligne ce jeudi Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting, sur le plateau de BFM Business.
"On importe en ce moment quasiment le maximum de ce qu'on peut importer, alors que la période de Noël est une période de creux de consommation, parce qu'il y a moins d'usines […]. S'il continue à faire froid et que l'économie reprend début janvier, ce qui est fort probable, on risque d'avoir des tensions sur l'approvisionnement électrique. Je ne pense pas qu'on ira jusqu'au 'black-out' général, parce qu'il y a beaucoup de parades qu'on peut mettre en œuvre avant, mais on risque de le sentir", avance-t-il.
En cas de tension sur le réseau, il est possible de faire appel à des entreprises pour qu'elles limitent leur consommation d'électricité. C'est "ce que l'on appelle des effacements industriels, c'est-à-dire qu'il y a certains industriels qui sont payés pour pouvoir 's'effacer' du réseau à certains moments de tension […], c'est inclus dans les processus industriels", explique Nicolas Goldberg, qui cite aussi l'appel aux "écogestes" des particuliers comme solution possible.
Interruptibilité
Si ces solutions ne sont suffisantes pour permettre un retour à l'équilibre du marché, où la production doit être constamment égale à la consommation car l'électricité se stocke très mal, des "leviers exceptionnels" peuvent être activés, en premier lieu l'interruptibilité.
"C'est une sorte de bouton rouge" avec lequel "vous pouvez couper des industriels en quelques secondes […] sans les prévenir", précise Nicolas Goldberg. Ce sont des entreprises "qui ont contractualisé" le fait de pouvoir être coupées du réseau électrique à tout moment et "qui sont grassement rémunérées" pour cela. "C'est exceptionnel de le faire" mais "ça permet de récupérer l'équivalent d'un ou deux réacteurs nucléaires", poursuit-il.
Il y a également deux autres leviers mais qui n'ont jamais été utilisés en France jusqu'à présent. Il est notamment possible de baisser la tension sur le réseau électrique: "vous ne le voyez pas, sauf si vous avez le nez collé sur votre téléphone et que vous voyez qu'il se charge un peu moins vite", explique Nicolas Goldberg. En dernier recours, ce sont les coupures ciblées sur le réseau électrique, qui "commencent à devenir du domaine du probable" dans la situation actuelle, assure-t-il.
Concrètement, sur une zone géographique déterminée, le courant peut être coupé "pendant deux heures aux particuliers", puis c'est au tour d'une autre zone géographique. "C'est vraiment le dernier levier à utiliser, j'espère que l'on n'y aura pas recours, parce que socialement c'est un peu dur à accepter, mais enfin c'est toujours mieux qu'un 'black-out' général", estime Nicolas Goldberg.