Emmanuel Macron propose la présidente du directoire de Keolis Marie-Ange Debon pour prendre la tête de La Poste

Marie-Ange Debon prend la tête du groupe La Poste - ERIC PIERMONT / AFP
Au jeu des chaises musicales, l'Élysée a fini par trancher. Après des mois d'intense campagne, Emmanuel Macron a mis fin au suspense vendredi: Marie-Ange Debon, présidente de Keolis, a été choisie pour prendre la tête de la Poste, un mastodonte confronté à la baisse du courrier.
Marie-Ange Debon était depuis août 2020 présidente de cette filiale de la SNCF spécialisée dans les transports publics, et son nom avait circulé pour la succession à la tête de la SNCF.
A 60 ans, Marie-Ange Debon a été désignée pour devenir PDG du groupe public, selon un communiqué de l'Elysée publié vendredi.
Philippe Wahl, après douze ans de mandat, a dû passer le flambeau pour raison d'âge.
Le dirigeant de La Poste - détenue à 66% par la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) et à 34% par l'Etat - est choisi par le président de la République pour un mandat de cinq ans, proposition qui peut faire l'objet d'un veto parlementaire.
L'Élysée ayant tardé à donner un nom, une gouvernance par intérim avait été mise en place fin juin, avec Philippe Wahl, PDG sortant, à la présidence du conseil d'administration et le secrétaire général et directeur général adjoint du groupe Philippe Bajou à la direction opérationnelle.
Si le profil de Marie-Ange Debon est validé par les parlementaires, ce sera la première femme à ce poste. Elle aura la lourde de tâche de maintenir financièrement à flot le groupe qui emploie 230.000 postiers et subit depuis plusieurs années la baisse drastique des volumes du courrier.
Son prédécesseur n'avait cessé d'alerter: chaque année, "La Poste perd 500 millions d'euros de chiffre d'affaires" pour cette raison.
Son héritière devra donc "répondre" au "choc de la disparition du courrier (qui) n'est pas terminé. On va encore perdre deux milliards dans les cinq années qui viennent", avait averti Philippe Wahl en mai, lors d'un entretien accordé à l'AFP. En juillet, le mandat de La Poste en tant que prestataire du service universel postal a été renouvelé pour dix ans.
En 2024, La Poste a réalisé un chiffre d'affaires de 34,6 milliards d'euros (dont 44,6% réalisés à l'international), pour un bénéfice net de 1,4 milliard d'euros. Une performance que l'entreprise, devenue un poids lourd de la logistique en Europe, oeuvrant également dans la banque, l'assurance, la téléphonie, etc., attribue à sa stratégie de diversification.
"Machine de guerre"
Les activités financières, quoique éloignées du métier logistique originel, sont devenues depuis quelques années le bol d'air financier du groupe.
C'est l'assurance qui permet à l'ensemble de se maintenir à flot: le bénéfice net de CNP Assurances, 1,58 milliard d'euros l'an dernier, est en effet supérieur à celui du groupe La Poste.
D'autant que par ailleurs, l'État ne finance pas intégralement ses missions de service public. Ainsi, assurer la distribution de la presse et le courrier, aménager le territoire et garantir l'accessibilité bancaire a coûté à La Poste 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2023.
Des défis qui attendent Marie-Ange Debon, qui avait affirmé dans un entretien accordé à l'AFP après sa nomination comme présidente de Keolis que l'entreprise en proie à des difficultés dues à la crise sanitaire avait mis en place une "machine de guerre" pour "continuer à se déployer dans la région parisienne".
Cette diplômée d'HEC et de l'ENA, a aussi exercé quelques années comme magistrate à la Cour des Comptes. Avant Keolis, elle était directrice générale adjointe du géant des services à l'environnement Suez, qu'elle avait rejoint en 2008.
Parmi les urgences qui l'attendent, les budgets alloués aux missions de service public, qui devront être discutés dans le projet de loi de finances pour 2026.
Mais aussi le suivi attentif des différentes évolutions législatives et réglementaires visant à taxer les petits colis en provenance de Chine, représentant 22% des colis en France pris en charge par La Poste.