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"Disruptif" et "un peu cash": qui est Amir Reza-Tofighi, le nouveau président de la CPME?

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Patron de l'entreprise de services à la personne Vitalliance, Amir Reza-Tofighi succède à François Asselin à la tête de l'organisation patronale représentant les petites et moyennes entreprises.

Amir Reza-Tofighi, le patron de l'entreprise de services à la personne Vitalliance, a été élu mardi président de la CPME: à 40 ans, ce passionné d'entrepreneuriat succède à François Asselin, portant l'ambition d'une CPME "forte sur le débat d'idées".

Face à deux concurrents, Amir Reza-Tofighi a recueilli 65,4% des voix des fédérations et organisations territoriales de la Confédération des petites et moyennes entreprises réunies en Assemblée générale élective. Il est le plus jeune dirigeant à devenir président de la première organisation patronale interprofessionnelle en nombre d'entreprises adhérentes - mais pas en nombre de salariés représentés. La CPME a une représentativité de 25,54%, le Medef de 69,21%.

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Amir Reza-Tofighi a un profil d'entrepreneur très différent de François Asselin, 60 ans, patron d'une menuiserie familiale des Deux-Sèvres, connue pour ses réalisations d'exception, dernièrement la nouvelle flèche de Notre-Dame.

Emploi des seniors

À peine ses études terminées (Centrale Supélec et HEC), le nouveau président, fils d'immigrés iraniens né juste après l'arrivée en France de ses parents, et élevé à Grigny (Essonne), souscrit deux prêts pour devenir associé de Vitalliance, qui emploie aujourd'hui 8.500 collaborateurs. Il en prend la direction seul en 2014, à 30 ans à peine, crée parallèlement des projets tech, dont la plateforme de covoiturage Heetch, où il reste aujourd'hui simple actionnaire.

Son parcours, estime-t-il, "montre que l'entrepreneuriat est un vrai vecteur d'émancipation et d'intégration dans la société": "on peut être Iranien, avoir grandi dans une cité, et, par le travail, s'élever et devenir un représentant du monde patronal".

Sur sa lancée, Amir Reza-Tofighi prend en 2016 les rênes de la Fédésap, la fédération des services à la personne, qu'il conserve jusqu'à 2022. Il reconnaît qu'avoir été président de branche, et, plus récemment, avoir fait partie de la délégation CPME qui a négocié sur l'emploi des seniors, a pu lui donner une expérience que ses concurrents, élus territoriaux et pourtant dix à vingt ans plus âgés, n'avaient pas. Celui qui se décrit comme "très direct et un peu cash" pense également que "les gens sentent (sa) sincérité et (son) engagement".

"Front patronal uni"

Dans "le contexte politique et économique actuel", "le pire qu'on pourrait rajouter ce sont des dissensions entre la CPME et le Medef", estime-t-il, souhaitant "un front patronal uni", malgré des "sensibilités différentes", et "à la hauteur du moment". Il verrait bien l'État s'inspirer des méthodes de gestion financière du privé, avec pourquoi pas une "règle d'or" interdisant aux systèmes de retraite d'être en déficit.

Sans aller jusque-là dans la négociation en cours entre partenaires sociaux, il devrait continuer à y défendre une amélioration pour les métiers impliquant de l'usure professionnelle, et à pousser l'idée d'une part de capitalisation. La CPME doit "porter une grande vision", selon lui. Comment réindustrialiser la France, développer le tourisme... Amir Reza-Tofighi estime qu'il y a des sujets en Europe qui méritent de "taper du poing sur la table", comme le fait de faire payer l'énergie cher aux industriels français dans un pays pionnier du nucléaire.

"En une heure, Trump et Musk prennent des décisions qu'on prendrait en un an", s'inquiète-t-il, se disant "prêt à dire des choses que les politiques n'ont pas envie d'entendre".

Nouvelle génération

Un haut cadre de la CPME se réjouit de voir arriver à sa tête ce profil "disruptif et intéressant, un vrai entrepreneur qui a super bien réussi, avec une très belle histoire à raconter, qui pourrait nous amener une autre génération" de patrons de PME, "à côté des historiques". Amir Reza-Tofighi tiendra jeudi matin sa première conférence de presse.

Après deux mandats de cinq ans, François Asselin va reprendre quelques années les rênes de son entreprise, notamment pour organiser sa transmission. Amir Reza-Tofighi a salué mardi "l'action et la vision" du président sortant, qui "ont permis de transformer profondément la CPME et de renforcer son influence".

J. Br. avec AFP