"Une solution d'ici la fin de l'année": Paris se veut rassurant dans la crise avec l'Allemagne sur l'avion de combat européen Scaf

Il faut sauver le soldat Scaf. Le projet européen d'avion de combat du futur, entre la France, l'Allemagne et l'Espagne, est au point mort et l'Allemagne a récemment montré des signes d'impatience.
Rappelons que ce programme militaire à 100 milliards d'euros, censé fournir un remplaçant au Rafale en 2040, patine en raison de tensions entre le constructeur français Dassault et le groupe européen Airbus, qui représente dans ce dossier l'Allemagne.
"Nous partageons le même avis: la situation actuelle n'est pas satisfaisante. Nous n'avançons pas dans ce projet", a déclaré jeudi Friedrich Merz, le chancelier allemand aux côtés de son homologue espagnol à Madrid.
"Nous sommes tous deux en discussion avec le gouvernement français et nous voulons tous deux trouver une solution le plus rapidement possible", a-t-il poursuivi.
"L'intérêt de l'Espagne dans ce projet est sincère. Il est total, mais effectivement, avec les conditions que les trois pays - Allemagne, France et Espagne - avaient fixées au préalable", a ajouté Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol.
Dans un communiqué diffusé ce samedi, le ministère français des Armées affirme que "la France et l’Allemagne restent déterminées à mener à bien le programme Scaf en coopération avec l’Espagne".
Répartition des tâches
"Après une première étape franchie avec la signature des contrats correspondant au développement des technologies clés, la France, l’Allemagne, l’Espagne et les équipes industrielles sont pleinement mobilisées pour préparer la phase 2, qui prévoit notamment la réalisation du démonstrateur de l’avion de combat qui constitue l’un des éléments du système de combat du futur", peut-on lire.
"Le ministère des Armées est pleinement investi avec ses homologues allemand et espagnol pour aboutir à une solution mutuellement acceptable d’ici la fin de l’année", veut-on croire.
Le climat est si tendu que le gouvernement allemand aurait indiqué à Airbus qu'il envisage concrètement de faire sans la France, selon le média Politico. Berlin pourrait se tourner vers la Suède ou le Royaume-Uni, voire continuer seulement avec l'Espagne.
Pourquoi ce blocage? Concrètement, le français Dassault regrette de ne pas être suffisamment reconnu comme le leader, alors qu'il met en avant une compétence unique illustrée par le succès commercial du Rafale. Or, Berlin refuse de revenir sur la répartition des tâches.
"Dassault considère que le background (les technologies, NDLR) qu'il détient et qui servira à développer le futur Scaf constitue la richesse de l'entreprise. Il ne veut pas le céder. C'est un point de vue qui est légitime", explique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'IRIS, dans une note.
Dans le même temps, "l'État allemand considère qu'il va payer pour financer une capacité militaire, mais que s'il n'a pas accès à ce background, il ne pourra pas redévelopper ce matériel. Il aura acquis un objet, mais il n'en aura pas la maîtrise. C'est un point de vue également légitime", poursuit Jean-Pierre Maulny.