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Défense

"Un projet comparable à la guerre des étoiles": comment doit fonctionner le "dôme d'or" de Trump, cette arme à 175 milliards de dollars?

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Donald Trump a lancé le chantier de construction d'un système de défense anti-missile amélioré, pour protéger les États-Unis de toute attaque aérienne – en particulier des menaces venant de Russie et de Chine.

Une bulle de protection, hermétique à toute menace provenant des airs: c'est le projet titanesque de Donald Trump pour mettre les États-Unis à l'abri d'attaques de missiles et de drones.

"Une fois construit, le 'dôme d'or' sera capable d'intercepter des missiles, même s'ils sont lancés de l'autre côté de la planète et même s'ils sont lancés depuis l'espace", a déclaré Donald Trump lors d'un briefing dans le Bureau ovale.

Le président américain a annoncé mardi avoir sélectionné l'architecture de ce bouclier de défense anti-missile, avec l'objectif d'en disposer avant la fin de son mandat – un calendrier plus qu'ambitieux vu la portée du projet. Le coût annoncé est de 175 milliards de dollars.

Le secrétaire d'État à la défense Pete Hegseth a précisé que le système est conçu pour protéger le territoire américain de toute attaque de "missile de croisière, balistique ou hypersonique, et de drone, qu'ils soient conventionnels ou nucléaires".

Peu de détails techniques ont été révélés sur les différentes composantes du bouclier et de la mise en œuvre. Il s'agit principalement de disposer de capacités d'interception pour contrer les menaces aériennes, incluant entre autres des satellites de surveillance, des radars de détection et de l'armement pour la destruction (monté sur des batteries THAAD ou sur l'avion de combat F-35, par exemple).

Si certaines capacités et équipements déjà dans l'inventaire américain devraient faire l'objet de modernisation, d'autres pourraient faire l'objet de développements nouveaux.

Des industriels comme Lockheed Martin, RTX, L3Harris Technologies devraient faire partie des entreprises engagées dans ce vaste programme.

Un nouvel enjeu: l'espace

Le projet avait été évoqué par Donald Trump pendant sa campagne, il a fait l'objet d'un décret présidentiel publié le 27 janvier, quelques jours à peine après son investiture.

Le document liste les principales capacités dont le système devra disposer, et notamment : des capteurs spatiaux de poursuite pour les menaces hypersoniques et balistiques, des intercepteurs spatiaux, des capacités d'interception en phase terminale (lorsque le missile est proche de la cible).

La principale nouveauté réside dans la prise en compte de la menace spatiale pour la défense antimissile américaine. Un volet qui "n'est pas nouveau", selon une note publiée en mars 2025 par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), puisqu'il avait déjà été abordé par George Bush, puis par le premier mandat de Donald Trump. "On parlait déjà de 'next-level capacities'" dans la "Missile defense review" publiée en 2019, précise la FRS.

Les menaces chinoise et russe

Avec ce "dôme d'or", les États-Unis cherchent à se protéger contre les menaces de missiles venus de la Chine et de la Russie, mais aussi de la Corée du Nord et de l'Iran.

Un document déclassifié de la Defense Intelligence Agency liste les différents types de missiles qui pourraient présenter un risque pour le territoire américain, ainsi qu'une estimation de stocks de chaque pays. Il s'agit de missiles balistiques intercontinentaux, de missiles tirés depuis un sous-marin, de planeurs hypersoniques, de missiles de croisière, de systèmes de bombe orbitale – ceux-ci seraient en cours de développement par la Chine et la Russie, qui pourraient en disposer dès 2035.

Fin janvier, Donald Trump avait signé un décret pour développer un "Dôme de fer américain", soit selon la Maison Blanche un bouclier de défense antimissiles total pour protéger le territoire américain.

La Russie et la Chine avaient alors critiqué cette annonce, Moscou y voyant un plan "comparable à la guerre des étoiles" soutenu par Ronald Reagan durant la Guerre froide. La Chine est "extrêmement préoccupée" par le projet de bouclier antimissile du président américain Donald Trump et appelle les États-Unis à y renoncer, a déclaré mercredi une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Helen Chachaty