Un documentaire évoque la préparation de sabotages d'infrastructures sous-marines européennes par la Russie

Installation d'un câble internet sous-marin (Image d'illustration) - Pictanovo
"Des navires espions russes préparent un éventuel sabotage contre des éoliennes offshore, des conduites de gaz et des câbles électriques au Danemark et dans les pays nordiques". C'est ce que redoutent les services de renseignements nordiques, selon une enquête diffusée sur la chaine danoise DL avec les télévisions NRK (Norvège), DR (Danemark), SVT (Suède) et Yle (Finlande).
"Un programme militaire russe cartographie actuellement les parcs éoliens offshore, les gazoducs et les câbles électriques et Internet dans les eaux autour du Danemark, de la Norvège, de la Finlande et de la Suède", indiquent les auteurs de cette enquête intitulée La guerre de l'ombre.
Des navires fantômes
Au coeur de cette guerre hybride, des navires fantômes russes chargés de cartographier les infrastructures sous-marines et offshore dans la mer Baltique et la mer du Nord. Pour passer inaperçus, ils couperaient les transmetteurs AIS (système d'identification automatique) pour masquer leur emplacement.
Cette flotte se compose de tous types de navires marchand naviguant à des fins d'espionnage sans bien sûr l'afficher franchement. En Suède, 27 de ces navires suspects auraient navigué dans les eaux nationales ou accosté dans des ports suédois au cours des cinq dernières années. En une décennie, la Norvège aurait listé au moins 50 bateaux russes qui auraient "collectés clandestinement des informations".

Selon DR, cette flotte se compose de tous types de navires marchands et de plaisance, mais aussi militaires. Parmi eux, un vaisseau d'exploration scientifique appartenant à la marine russe, l'"Amiral Vladimirsky". Ce bâtiment est suspecté par les services de renseignement occidentaux d'être en réalité un navire espion, comme le Yantar, ce navire scientifique de la marine russe repéré, quelques jours après l'invasion de l'Ukraine, par la Marine nationale pendant qu'il suivait le tracé des câbles sous-marins de télécommunications Celtic Norse et AEConnect-1 qui relient l’Irlande aux États-Unis.
Accusations "sans fondement"
L'"Amiral Vladimirsky" cartographie depuis des années les infrastructures sous-marines et offshore dans la mer Baltique et la mer du Nord. Il aurait longé les côtes de la Suède, de la Norvège, est allé jusqu'en Ecosse pour revenir en Russie en passant au large de l'Allemagne et de la Pologne.
La question est de savoir si ces navires se limitent à la cartographie ou s'ils ont pu déposer des charges explosives déclenchables à distance. La thèse de munitions préalablement installées avait été soulevée lors du sabotage des gazoducs NordStream. Rien jusqu'à lors n'a permis de connaitre la méthode, ni les auteurs de ces actes.
En tous cas, l'"Amiral Vladimirsky" est sous bonne protection. Une équipe de DR a tenté de s'en approcher en zodiac. Deux soldats cagoulés, armés et équipés de gilets pare-balles sont apparus sur le pont pour leur faire comprendre qu'il ne fallait pas s'approcher.
Ce documentaire, qui doit être diffusé mercredi soir, a fait réagir Moscou qui revient sur le sabotage des gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l'Allemagne. "Les médias préfèrent à nouveau accuser sans fondement la Russie", a déclaré à la presse mercredi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
"Nous préférerions qu'ils accordent plus d'attention aux attaques contre Nord Stream et à une enquête internationale transparente et impartiale au sujet de ces actes de sabotage", a-t-il affirmé.
