Sous-marin nucléaire: avec le Tourville, la Marine nationale poursuit sa bascule vers le modèle "tout Suffren"

Mercredi 27 novembre, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Tourville est arrivé à Toulon, son port d'attache. Cette arrivée est un symbole fort pour la Marine nationale. D'autant que cette date n'a pas été choisie au hasard, c'est celle de la journée du sous-marinier. Elle a été instituée en 2003 pour rendre hommage aux cinq sous-marins et leurs équipages qui se sont échappés de la base navale de Toulon en 1942 après l’invasion de la zone libre par les troupes du régime nazi.
L'arrivée du Tourville à Toulon est aussi le signe que le programme Barracuda bat son plein. Inauguré avec les sous-marins de classe Suffren, il s'agit de la nouvelle génération de sous-marins à propulsion nucléaire qui remplace progressivement les sous-marins Rubis mis en service entre 1976 et 1990.
"Il incarne le point de bascule vers le modèle 'tout Suffren'', précise la Marine nationale.
Massif et furtif
Le Tourville est le troisième exemplaire du programme Barracuda. En 2030, la flotte française comptera six nouveaux SNA avec pour mission de "protéger nos sous-marins nucléaires français lanceurs d'engins (SNLE) en détectant des adversaires dans nos zones d'intérêts ou de crise, capter discrètement des renseignements et escorter des bâtiments précieux", à commencer par le porte-avions Charles de Gaulle.

Cette nouvelle génération est quasiment indétectable malgré des dimensions imposantes (99 mètres contre 76 mètres pour les Rubis et 5.300 tonnes contre 2.600 tonnes). Ils peuvent rester en plongée pendant 70 jours contre 45 pour les Rubis.
Le Tourville dispose d'une base secrète dédiée aux nageurs de combat qui utiliseront des mini sous-marins conçus par le commando Hubert. L'équipage se compose de 65 sous-mariniers et contrairement à la classe Rubis, il y a des femmes à bord avec des espaces dédiés aux sous-marinières.
Service actif en 2025
Avant de quitter Cherbourg, des équipes de la Marine, de la DGA, du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de Naval Group ont longuement testé les capacités de ce nouveau vaisseau. Comme le Suffren et le Duguay-Trouin, ses deux prédécesseurs, il a d'abord réalisé des plongées statiques, puis des essais en surface, en plongée pour tester son système de combat et les systèmes de communication.
Les tests se poursuivront à Toulon. Avant son admission au service actif courant 2025, il commencera "une phase de déploiement opérationnel de longue durée pour vérifier l’ensemble des capacités opérationnelles du sous-marin intégré dans une force navale". Avec le Tourville, la Marine comptera trois SNA de type Barracuda et deux de type Rubis avec l'Améthyste et Perle.
Pour Naval Group, ce n'est que le début d'une forte période de construction. En 2030, les trois derniers SNA (De Grasse, Rubis et Casabianca) devront avoir été livrés. Parallèlement, le constructeur de Cherbourg prépare le renouvellement des quatre sous-marins nucléaire lanceurs d'engins avec la troisième génération. Le premier de la série est prévu en 2035. Il remplacera le Triomphant (2e génération) entré en service en 1997.
