"Un pincement au cœur": le sous-marin nucléaire l'Émeraude navigue vers Cherbourg pour son dernier voyage

Après 37 ans de service actif, le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) l'Émeraude va quitter Brest pour la base navale de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) pour être désarmé.

37 ans de service actif! Le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) de classe Rubis l'Emeraude (S604) va faire un dernier voyage. Il doit se rendre cette semaine sur la base navale de Naval Group de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) pour être désarmé. Un crève-cœur pour les sous-mariniers qui ont parcouru le globe à son bord.

"Ça fait forcément un pincement au cœur parce qu'on y est très attaché: c'est une aventure humaine avec ses moments durs et ses moments de joie", a déclaré le capitaine de frégate Yoann Jose-Maria, commandant de l'Émeraude, lors d'une rencontre avec la presse vendredi à Brest.

L'avers du fanion de l'Emeraude © Marine nationale

Mais "c'est aussi le signe que la flotte française se renouvelle pour toujours atteindre des performances opérationnelles les plus élevées possibles", a ajouté l'officier. C'est le quatrième SNA de classe Rubis à être désarmé, après le Saphir en 2019, le Rubis en 2022 et le Casabianca en 2023. Les SNA de type Rubis doivent tous être remplacés par les SNA Barracuda de classe Suffren.

D’ici 2030, l’ensemble de la classe Rubis des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) aura laissé place à celle des Suffren. © Marine nationale

Le premier, le Suffren (la tradition veut que le premier porte le nom de la classe) a été livré en 2022. Le second, le Duguay-Trouin, est arrivé à Toulon en août pour sa première sortie en mer. Le Tourville, troisième exemplaire de la série, sera remis à la Marine nationale en 2024. La livraison des trois autres, le Grasse, le Rubis et le Casabianca, s’échelonnera jusqu’en 2030.

Des générations de matafs

L'Émeraude a pour ville marraine Villefranche-sur-Saône. Il a été mis en chantier le 4 mars 1983, lancé trois ans plus tard à Cherbourg pour être admis au service actif le 15 septembre 1988. Doté d'une propulsion nucléaire, l'Émeraude est un redoutable chasseur de sous-marins. La mission des SNA est de protéger les bâtiments stratégiques comme le porte-avions Charles-de-Gaulle ou les sous-marins lanceurs d'engins (SNLE), porteurs des missiles nucléaires. Ils recueillent également du renseignement.

Le revers du fanion de l'Emeraude. © Marine nationale

Long de 74 mètres, pour 70 marins embarqués, l'Émeraude était entré en service actif en septembre 1988. En 37 ans, il a navigué 220 jours par an en moyenne. Deux équipages de 70 hommes sont nécessaires pour armer les SNA de classe Rubis. Ils se composent de huit officiers, 52 officiers mariniers et 8 quartiers-maîtres et matelots.

Ainsi, des générations de matafs se sont succédé pour parcourir toutes les mers du globe à bord de l'Emeraude.

"C'est près de 19 ans sous la surface des mers, et plus d'une centaine d'escales en France et sur le globe. Il a également parcouru une soixantaine de fois le tour du monde, avec plus de 2,4 millions de kilomètres", a décrit le commandant Jose-Maria.

Le 30 mars 1994, un accident dans le compartiment machine avait provoqué la mort de dix marins, dont le commandant, lors d'une plongée au large de Toulon. "Nous en sommes les héritiers et nous leur rendons hommage tous les ans", a déclaré le commandant.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco