Les chars Abrams américains peuvent-ils donner à l'Ukraine un avantage "décisif"?

En attendant les avions de combat F-16 promis par plusieurs pays, la guerre en Ukraine reste un conflit terrestre où les chars restent une pièce maîtresse. Après les 150 Leopard 2 envoyés par une dizaine de pays, Kiev dispose désormais des Abrams M1A1 américains, selon un message du président Zelensky sur Telegram. On ne sait pas exactement combien ont été envoyés sur les 31 promis par Joe Biden.
Mis en service au début des années 80, l'Abrams M1A1 a reçu le baptême du feu en 1991 lors de l'opération "Tempête du désert" durant la guerre en Irak. Sur près de 2000 chars envoyés, aucun n'a été détruit et seulement une vingtaine a été endommagée. Depuis, General Dynamics en aurait produit plus de 10.000 exemplaires pour les États-Unis et pour des clients étrangers (Pologne, Egypte, Australie, Arabie saoudite, Koweit Maroc).
La puissance de ces blindés de 70 tonnes, toujours en service dans les troupes américaines, notamment les Marines, pourrait fortement soutenir la contre-offensive contre l'armée russe avant l'entrée dans l'hiver.
Un tueur de chars
Ils sont capables d'atteindre avec précision une cible distante de 4 km avec leur canon lisse M256 de 120 mm développé par l'allemand Rheinmetall pour le Leopard 2 et produit sous licence aux États-Unis. L'Abrams peut atteindre une cadence de 8 tirs par minutes et emporte 40 munitions à uranium appauvri capable de transpercer le blindage des chars russes.
Permettront-ils de dominer la situation pour reprendre les territoires du Dombass sous contrôle russe? Sur ce point, les militaires américains restent prudents. Pour le général Mark Milley, président de l'état-major interarmées, les Abrams "donneront à l'Ukraine un avantage, mais pas un avantage décisif, il n'y a pas de solution miracle", a-t-il prévenu lors d'une réunion des alliés de l'Ukraine à Ramstein en Allemagne.
Une version "simplifiée"
En effet, la version fournie à Kiev n'est pas exactement la même que celle utilisée par l'armée américaine, comme le signale le quotidien USA Today. Il s'agirait même d'une version dite "simplifiée". Avant de les envoyer, le Pentagone a fait retirer les technologies de pointe, notamment les dispositifs de ciblage, par crainte qu'elles ne tombent entre les mains des forces russes. Difficile sans ces systèmes d'être efficace de nuit et par très mauvais temps quand la visibilité est réduite.
L'autre point faible de l'Abrams est sa consommation de carburant qui atteint jusqu'à 14 litres de gasoil pour effectuer un mile, soit 1,6 km. Ainsi, son autonomie n'atteindrait pas 500 km et ne peut ainsi s'éloigner d'une source d'approvisionnement qui, si elle est visée par des tirs, risque d'isoler un char et le faire tomber en panne sèche. C'est ce risque qui ferait tomber un char opérationnel dans les mains de l'ennemi que les Américains veulent absolument éviter.
Le Kremlin semble ne pas craindre les Abrams qui, selon Moscou, "ne changeront aps le rapport de force". Un porte-parole de Vladimir Poutine a même promis de les "brûler", même si ce "sont des armes sérieuses".
