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Le Pentagone repère le site militaire où Pékin crée sa nouvelle génération de dirigeables espions

Une image de la base chinoise de Korla où Pékin construit ses nouveaux dirigeables espion

Une image de la base chinoise de Korla où Pékin construit ses nouveaux dirigeables espion - BlackSky

CNN dévoile des images satellites du Pentagone montrant une base chinoise où Pékin construit une nouvelle génération de dirigeables espions.

Des dirigeables au coeur de la stratégie militaire d'observation de la Chine. CNN vient de révéler des images satellites prises par la société de données satellitaires BlackSky montrant un modèle de nouvelle génération de dirigeable sur la base de Korla dans le désert du Xinjiang. Sur ce site créé en 2009, Pékin teste des missiles, des systèmes anti-missile et anti-satellites.

Selon le journaliste américain Alex Marquardt -qui a obtenu ces images réalisées en novembre 2022-, le dirigeable que l'on aperçoit est un modèle très particulier. Long de plus de 30 mètres, l'aérostat est bien plus sophistiqué que celui qui survolait les Etats-Unis en février avant d'être abattu par l'US Air Force, selon le spécialiste en armement de CNN.

"Il est plus manoeuvrable et se déplace dans les airs un peu comme un sous-marin dans la mer avec son propre système de propulsion et de navigation. Sa mission est de faire de l'ISR (intelligence, surveillance et reconnaissance)", résume Alex Marquardt.

Des appareils rudimentaires mais discrets

Sur les images de BlackSky, on aperçoit à côté du dirigeable, un hangar de 260 mètres de long et 140 de large qui pourrait en abriter d'autres, explique à Quartz Sean O'Connor, analyste principal de l'imagerie satellitaire chez Janes.

Si d'apparence, les dirigeables peuvent sembler rudimentaires, voire archaïques, ils affichent en réalité des atouts en matière d'espionnage que n'offrent ni les avions, ni les satellites. Ils sont peu coûteux, ne nécessitent aucune infrastructure pour les faire décoller et peuvent stationner en haute altitude au-dessus d'un site sensible à observer.

Une zone "internationale"

Ces aérostats volent librement et légalement entre l'espace aérien et la ligne de Kármán (100 kilomètres d'altitude), deux environnements réglementés. Cette zone "internationale" dans laquelle se trouvent les ballons météorologiques permet de circuler sans autorisation au-dessus des Etats, à condition que le passage soit inoffensif.

Lors du survol des Etats-Unis du dirigeable chinois en début d'année, Pékin l'avait d'ailleurs présenté comme une infrastructure civile qui avait dévié de sa trajectoire. L'aérostat a été abattu à 18 kilomètres d'altitude, violant de fait l'espace aérien américain et les lois internationales avait expliqué Patrick Ryder, responsable de la communication du département de la Défense. Les images dévoilées par CNN sont donc antérieures à cet épisode du "ballon".

Un programme de dirigeable européen

La Chine nie toujours une mission d'espionnage et un survol volontaire de sites sensibles. Pékin affirme que le dirigeable civil sans pilote s'est accidentellement écarté de sa trajectoire et que les États-Unis avaient réagi de manière excessive en abattant un dirigeable civil. Les images satellites dévoilées par CNN semblent confirmer que ces aérostats sont bien des appareils militaires conçus à des fins d'espionnage.

La Chine n'est pas le seul état à utiliser les dirigeables à des fins militaires. Les Etats-Unis ont des programmes similaires. La France n'est pas en reste. En 2016, la direction général de l'armement (DGA) a lancé avec Thales et Thales Alenia Space (TAS) le projet de Stratobus, un ballon dirigeable stratosphérique de 140 mètres de long, gonflé à l'hélium et propulsé par quatre moteurs électriques.

Ce programme, sous la maîtrise d'œuvre de TAS avec 21 partenaires, et 18 sous-traitants, de 11 pays, a bénéficié en 2020 d'une aide financière du Fonds européen de défense (FED). Un démonstrateur était initialement programmé en 2022, puis en 2023. Son premier vol est finalement prévu pour 2030.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco