"J'en ai parlé à plusieurs reprises avec le président français": le chancelier Merz pense que l'interminable controverse sur l'avion de combat européen touche à sa fin

L'espoir est de mise. Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est montré optimiste mercredi sur la possibilité de résoudre prochainement les "divergences" avec la France sur le développement commun du système de combat aérien du futur (Scaf) "un bon projet pour la défense européenne".
"Nous avons décidé de régler définitivement cette question au cours des prochains mois", a assuré à la presse le dirigeant allemand.
Il a reconnu que "des divergences d'opinion" sur le développement de ce projet complexe restaient à résoudre avec Paris mais s'est dit "confiant" d'y parvenir.
Le site allemand d'information Hartpunkt a assuré en début de semaine que la France avait fait savoir à l'Allemagne qu'elle souhaitait obtenir une participation d'environ 80% dans le projet Scaf.
Sans commenter ces allégations, le chancelier allemand a insisté mercredi sur la nécessité de "respecter les accord conclus".
Le Scaf "peut être un bon projet pour la défense européenne. Nous avons besoin d'un tel avion", a-t-il souligné alors que l'Europe cherche à muscler ses capacités de défense.
"J'en ai parlé à plusieurs reprises avec le président français, mes collaborateurs en discutent également, nous préparons les prochaines réunions avec le gouvernement français", a ajouté le chancelier.
Le Scaf, programme au long cours
Lancé en 2017 à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand pour remplacer les avions de combat Rafale français et Eurofighter allemands, le programme Scaf fait l'objet de difficultés récurrentes sur la répartition des tâches entre industriels de chaque pays. L'arrivée de l'Espagne en 2019 a compliqué davantage la répartition industrielle, dont les trois pays doivent en théorie bénéficier de manière égale.
Ces difficultés industrielles – et politiques – sont inhérentes à tout programme d'armement mené en coopération, en témoignent le passé tumultueux des programmes d'hélicoptère d'attaque Tigre ou d'avion de transport militaire A400M.
Dans les années 1980, déjà, un projet d'avion de combat européen avait été remisé aux oubliettes, la France décidant de se lancer dans la conception de son propre avion – le Rafale de Dassault Aviation – tandis que l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie concevait de leur côté l'Eurofighter.
La phase 1B du programme Scaf, lancé en 2023, vise à développer les technologies qui seront embarquées à bord d'un démonstrateur, sorte de pré-prototype, qui doit voler en 2028-2029.
La phase 2 prévoit la construction proprement dite du démonstrateur et ses essais en vol. Cette deuxième étape amène à "poser la question de la gouvernance" du projet, a souligné fin juin Eric Trappier, le patron de Dassault Aviation - fabricant du Rafale - qui porte le projet avec le groupe Airbus.
"Il faut désormais s'organiser pour faire le 'cake' entier, c'est-à-dire l'avion lui-même, cela nécessite un leader, un architecte", qui doit notamment "avoir le choix de ses sous-traitants", a-t-il plaidé devant la commission de la Défense du Sénat français.
"Cela ne signifie pas que tout le travail doit être fait en France, mais qu'il faut pouvoir choisir les meilleurs pour réaliser le meilleur avion", a ajouté l'industriel, partisan de longue date de cette répartition des tâches en fonction des compétences plutôt qu'une quote-part parfaitement égalitaire.
Pour le patron de Dassault Aviation, cette logique industrielle du "best athlete" s'est révélée efficace lors du programme nEUROn, un démonstrateur de drone de combat conçu à six pays et qui va servir de base pour le futur drone accompagnateur du Rafale.