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Défense

Dassault dévoile son drone de combat, petit frère du Rafale F5, sur lequel il travaille depuis plus de 20 ans

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L'avionneur français dévoile une maquette d'un drone de combat, qui va accompagner le Rafale dans ses futures missions.

Il était attendu: le drone de combat de Dassault Aviation a été dévoilé à l'ouverture du salon aéronautique du Bourget ce lundi matin. Deux maquettes sont présentées: une en taille réelle sur le stand de Dassault Aviation, une autre à échelle réduite sur le stand du ministère des Armées.

Le projet de drone de combat (UCAV – unmanned combat aerial vehicle) est dans les cartons de Dassault depuis des décennies. Il a été amorcé au début des années 2000 avec le programme de démonstrateur de drone de combat nEUROn, développé en partenariat européen. Cet aéronef piloté à distance a servi à tester un certain nombre de technologies (notamment la furtivité et l'emport d'armement), qui préfigurent le drone de combat futur.

La maquette présentée lors de cette 55ème édition du salon de l'aéronautique et de l'espace préfigure le drone de combat qui devrait accompagner le Rafale dans ses futures missions. Un projet évoqué depuis quelques années et confirmé en octobre 2024 par le ministre des Armées Sébastien Lecornu: le Rafale post-2030 volera avec un drone furtif à ses côtés.

"Il aura un niveau de discrétion très élevé, il sera furtif", explique l'ingénieur en chef de l'armement Amael, qui précise que les armements seront intégrés dans des soutes, pour augmenter cette discrétion.
Le futur drone de combat de Dassault Aviation
Le futur drone de combat de Dassault Aviation © Helen Chachaty

Quelles missions?

Le PDG de Dassault Aviation Éric Trappier a détaillé dans une récente audition parlementaire l'intérêt de disposer d'un tel équipement: "pour améliorer les capacités de rentrer dans les défense ennemies (…) et donc pérenniser les missions de pénétration au sol".

En clair, il s'agit de multiplier les chances de percer les défenses adverses, alors que les systèmes de défense anti-aérienne se développent de plus en plus, pour faciliter les frappes. Le "couple" UCAV-Rafale (et, à l'avenir, l'avion de combat du futur) agira en binôme: le drone de combat aura pour mission de "faire un pré-trou" dans les systèmes de défense aérienne "pour un chasseur moins furtif qui traitera l'objectif", explique le lieutenant-colonel Adrien Gorremans de l'armée de l'air et de l'espace dans son étude intitulée "l'avenir de la supériorité aérienne", publiée par l'IFRI.

Pour faciliter les missions en binôme et améliorer son efficacité, l'objectif sera de doter le Rafale et l'UCAV de systèmes communs (optronique, systèmes de contremesures…).

"L'idée, c'est de disposer d'un drone qui sera complètement intégré dans le combat collaboratif, avec le Rafale au standard F5, il sera contrôlé depuis le cockpit du Rafale", appuie l'ingénieur de la Direction générale pour l'armement.

Ce drone devra être furtif, pour échapper aux radars et aux systèmes de défense, il devra également être résistant au brouillage et sera sans aucun doute doté d'une part non-négligeable d'intelligence artificielle, pour parer aux tentatives de brouillage de ses systèmes.

Avec un tel concentré de technologies de pointe, "cet UCAV sera probablement comparable à un avion de chasse traditionnel en dimensions, en capacités et donc en prix unitaire, il ne sera donc pas consommable mais une ressource rare", précise l'aviateur.

Préparer le futur de l'aviation de combat

Le calendrier de développement est en cohérence avec le développement du prochain standard du Rafale, le F5, qui doit être livré aux forces armées à partir de 2033, explique l'ingénieur en chef de l'armement Amael.

Ce drone de combat sera ensuite pleinement intégré dans le Système de combat aérien du futur (SCAF): un "système de systèmes", qui comprendra un avion de combat équipé d'armements de nouvelle génération, accompagné d'un drone de combat, mais aussi d'essaims de drones. Ce sera un ensemble d'équipements connectés via un "cloud de combat", avec des réseaux à terre, en mer, dans les airs et dans l'espace.

Né d'une volonté politique franco-allemande, le programme a été annoncé en 2017. Depuis, l'Espagne a rejoint le programme et la Belgique est pour l'instant "pays observateur". Le partage industriel prévoit la répartition des différents "piliers" du programme à parts égales entre l'Allemagne, l'Espagne et la France.

Le SCAF implique entre autres Airbus Defence & Space, Dassault Aviation, MBDA ou encore Indra, ainsi que Safran Aircraft Engines et MTU Aero Engines, réunis au sein du consortium Eumet pour le développement du moteur. L'ambition affichée est de disposer d'un système opérationnel à l'horizon 2045.

Helen Chachaty