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IA: l'Amiad, cette "boite de tech" au sein du ministère des Armées, va recruter 300 talents d'ici à 2026

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Sur BFM Business, Bertrand Rondepierre, directeur de l'Agence Ministérielle pour l'Intelligence Artificielle de Défense, explique la mission de cette nouvelle équipe.

Le ministère des Armées a mis le cap sur l'intelligence artificielle. En mars dernier, Sébastien Lecornu, minsitre des Armées, a dévoilé l'agence ministérielle pour l’IA de défense (AMIAD). Cette unité mise sous la responsabilité de Bertrand Rondepierre dispose d'un budget de 300 millions d'euros pour "faire entrer l'IA dans les forces armées".

"On est dans une situation géopolitique compliquée. Les théâtres deviennent de plus en plus numériques", explique sur BFM Business Bertrand Rondepierre, directeur de l'Amiad.

Tout juste créée, l'agence s'est lancée dans un programme de recrutement et d'investissement. D’ici 2026, 300 talents seront recrutés pour ses deux centres, l'un en région parisienne à Palaiseau, le second à Bruz, à proximité de Rennes.

"On recrute massivement. L'IA, c'est avant tout des gens. Si on n'a pas les talents, on n'ira nul part", indique le directeur de l'Amiad en précisant que 75% des effectifs sont des profils techniques, des ingénieurs ou des rechercheurs.

"L'idée c'est qu'on monte une boite de tech à l'intérieur du ministère, ce qui n'est pas tout à fait habituel", résume Bertrand Rondepierre.

NVIDia est quasi monopolistique

En parallèle, l'Amiad a lancé un appel d'offre pour un supercalculateur. Ce contrat a été remporté par un duo composé d'HP et Orange, au détriment du français Atos. Certains y ont vu une atteinte à la souveraineté.

"Il y avait un délai, un prix et une technicité qui ont fait que l'un des deux est sorti vainqueur. C'est comme ça que fonctionnent les marchés publics" rappelle Bertrand Rondepierre.

Ce supercalculateur aura une duré de vie de 3 ans maximum. "Après cela, il n'est pas à jeter, mais il servira à autre chose". Un autre supercalculateur doit prendre la relève.

"Si on veut se tenir à l'état de l'art, il y a un rythme qui est de deux à trois ans maximum. C'est la vitesse d'évolution en matière de puce".

Un Français pourra-t-il remporter le marché? Quand bien même, le gagnant sera toujours NVidia, l'inventeur du GPU, ces puces conçues pour l'IA.

"NVIDia est quasi monopolistique. Quel que soit l'acteur, in fine ça se termine chez eux", souligne Bertrand Rondepierre.

Un comité d’éthique de la défense

Si l'Amiad est récente, la recherche IA dans les armées a démarré en 2018 avec le lancement de près de 400 projets. Ces technologies ont déjà été intégrées dans plusieurs dispositifs d'armement, qu'ils soient terrestres, navals ou aériens. Ils visent à aider les soldats à détecter les menaces et les identifier.

Représentation du système du combat aérien du futur.
Représentation du système du combat aérien du futur. © DGA

Pour l’amiral Pierre Vandier, commandant suprême allié pour la transformation de l'OTAN, l’IA sert à deux choses dans les armées:

"Faire gagner du temps à l’humain pour des tâches laborieuses et aider à la prise de décision".

La neutralisation restera sous responsabilité humaine. En 2020, la France s’est dotée d’un comité d’éthique de la défense dont l'un des premiers avis porte sur les systèmes d'armes létales intégrant de l’autonomie (Salia).

"Les valeurs les plus hautes de notre civilisation comme notre ordre constitutionnel impliquent que soit engagée en toutes circonstances la responsabilité de l’humain", précisait à l'époque Emmanuel Chiva, directeur général pour l'armement et ancien patron de l'Agence innovation défense.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco