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Défense

Face au risque de guerre, le général Pierre de Villiers dénonce des moyens militaires "insuffisants"

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Le général Pierre de Villiers était notre invité à l'occasion de la sortie de son nouveau livre Paroles d'honneur ce mercredi. L'ancien chef d'état-major des armées - un temps pressenti pour se présenter à la présidentielle - a estimé que nos troupes n'étaient plus en état de mener une guerre et de la remporter.

Pour lui, "il faut passer à la vitesse supérieure". Dans le nouveau livre qu'il publie ce mercredi, Paroles d'honneur, le général Pierre de Villiers se penche au chevet des armées françaises, dont il fut le chef d'état-major entre 2014 et 2017. Invité de BFMTV, il a répondu aux questions d'Apolline de Malherbe, estimant que le contexte international poussait à augmenter l'effort militaire du pays.

Fustigeant les périls modernes constitués par la permanence du "terrorisme islamiste radical" et le "retour des États-puissances", il a ainsi lancé:

"J'appelle à rétablir la cohérence entre ces menaces, les missions qu'on va confier à l'armée et les moyens".

Inquiet d'une situation "d'instabilité grandissante"

Les moyens, parlons-en: la loi de programmation militaire prévoit que le budget des armées soit porté à 44 milliards d'euros en 2023, au terme d'une nouvelle hausse de trois milliards d'euros. En 2017, année de la démission fracassante du général de Villiers en désaccord avec l'enveloppe dévolue à nos troupes, il était de 32 milliards. "Je pense que ce sera insuffisant", a balayé l'officier.

"On avait une belle armée, la première d'Europe en opération", a pourtant concédé le général.

"Mais elle était capable de mener des opérations, là il s'agit de gagner une guerre. Ce n'est pas la même échelle, ce n'est pas la même chose en matière de munitions, de stock. Il faut revoir la logistique", a expliqué Pierre de Villiers. "On est dans une situation d'instabilité mondiale grandissante, il faut mettre les moyens", a-t-il martelé, expliquant que "quand il y a la pandémie, on met des centaines de milliards, l'inflation des dizaines de milliards... Il faut passer à la vitesse supérieure".

L'armée avant l'enveloppe

Et il n'y a pas que dans le domaine de la logistique qu'il s'agit d'accélérer. Car le redressement des troupes françaises passe aussi par le recrutement et la formation selon le général Pierre de Villiers. "Entre 2008 et 2015 on a supprimé 20% des effectifs militaires. C'était une faute à l'aune de ce que nous connaissons aujourd'hui", a-t-il posé. "On parle depuis 20 ans d'accroître nos capacités en forces de réserve - on a 40.000 réservistes - on ne l'a pas fait", s'est-il aussi désolé, avant de désigner l'origine du problème, pointant "des raisons budgétaires."

Pierre de Villiers a plaidé pour une inversion de l'ordre des priorités: "Quand on construit un modèle d'armée pour protéger les Français, il faut déterminer la menace, puis déterminer ce modèle en physique - l'équipement, etc.-, ensuite on détermine l'enveloppe budgétaire."

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV