Drone furtif, missile nucléaire hypersonique: ce que l'on sait des innovations du futur cyber Rafale

Dans un peu moins d'une décennie, soit un siècle après sa création, l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) amorcera un virage historique. Sans attendre le Scaf (système de combat aérien du futur), les pilotes du Rafale de 5e génération seront accompagnés dès 2033 d'un drone de combat qu'ils piloteront depuis le cockpit de leur appareil. Un véritable saut dans le futur des avions de chasse.
Cette nouvelle version du Rafale volera jusque dans les années 2060. Elle marque pour l'armée de l'Air et de l'espace une véritable révolution technologique avec un cyber avion de combat connecté. Cet appareil sera bardé de capteurs et naviguera avec des drones accompagnateurs, au sol, en vol et dans l'espace.
"Le standard F5 est une véritable révolution pour nos forces aériennes, comparable au passage du Mirage 2000-N au Rafale", a annoncé le ministre des Armées.
Ces innovations de Dassault Aviation a été annoncée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens Combattants, en présence du général Jérôme Bellanger, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), et d’Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Elle a été dévoilée le 8 octobre, à l'occasion de la cérémonie célébrant les 60 ans des Forces aériennes stratégiques (FAS), sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier.
Le choix de ce lieu et de ce jour s'explique aussi par une innovation majeure pour la dissuasion aéroportée. Le Rafale F5 emportera une nouvelle arme nucléaire, le missile ASN4G (Air-Sol Nucléaire de 4e génération). Ce missile hypersonique doit entrer en service en 2035 pour remplacer le missile Air-Sol Moyenne Portée (ASMP).
Un drone furtif
Pour créer ce drone, Dassault n'est pas tout à fait parti d'une feuille blanche. Il bénéficie des travaux menés sur le programme nEUROn lancé en 2003. Ce système d’avion de combat non habité (Ucav) reste le premier démonstrateur européen de drone de combat furtif. Six pays européens (France, Italie, Suède, Espagne, Grèce et Suisse) ont contribué à sa conception sous la maîtrise d’œuvre de Dassault Aviation.
Le premier vol du démonstrateur technologique a eu lieu en 2012 et en 2015, la DGA (direction générale de l'armement) a opéré un tir d’un armement depuis la soute. Dassault a discrètement poursuivi ces travaux. En décembre 2022, le nEUROn affichait plus de 170 vols.
Pour sa nouvelle version, ce drone sera "adapté au combat collaboratif" indique Dassault en précisant qu'il "incorporera des technologies de furtivité, de contrôle autonome".
"Sa furtivité, son positionnement au-devant du Rafale, lui préparera le chemin et facilitera la pénétration" de l'appareil, a expliqué le ministre lors de cette présentation.
Le nouveau missile opérationnel en 2035
Le missile nucléaire de 4e génération est l'autre pilier du Rafale F5. Peu d'informations ont été publiées depuis les premiers travaux liés à ce programme qui remonte aux années 1990. Il doit être opérationnel en 2035 et compatible non seulement avec le Rafale F5, mais aussi avec le porte-avions de nouvelle génération (PaNG). Ce navire actuellement en préparation prendra le relai du Charles-de-Gaulle en 2040.
En 2023, lors d'une audition parlementaire, l'amiral (2S) Hervé de Bonnaventure, conseiller défense du PDG du missilier MBDA, donnait des précisions sur ce programme ultra-secret. Il confirmait le choix d'une technologie hypervéloce et de la complexité de la furtivité.
"L'ASN4G devrait être opérationnel à horizon 2035 et devra le rester au-delà des années 2050, d'où la nécessité d'anticiper les défenses sol/air de l'adversaire à cet horizon", soulignait l'amiral.
Il ajoutait que "la très haute performance en vitesse et en manœuvre est la meilleure méthode pour parvenir à être détecté le plus tardivement possible, compliquer la tâche de suivi d'un radar, voire d'accrochage et désorganiser une attaque d'un missile antimissile".
Pour la prochaine décennie, les armées seront modernisées en profondeur avec des programmes coûteux en partie financés par la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Son montant est de 413 milliards d'euros pour cette période.
Ce budget financera notamment les lancements du Scaf, du nouveau porte-avion, du sous-marin nucléaire lanceur d'engin de 4e génération ainsi que le char du futur de l'armée de Terre.
De nouveaux missiles sont également en préparation, comme l’Aster 30 B1 NT testé mardi à Biscarrosse. Conçu pour intercepter les missiles hypersoniques, il équipera les systèmes de défense sol-air SAMP-T Nouvelle Génération qui entreront en d’ici à 2026.
