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Défense européenne: l'ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air estime que "la montée en puissance va prendre du temps"

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Alors que la Commission européenne vient d'annoncer un plan de 800 milliards d'euros pour "réarmer l'Europe", Jean-Paul Paloméros explique sur le plateau de BFM Business qu'"il ne faut pas attendre de miracles à court-terme".

Le plan massif de 800 milliards d'euros pour "réarmer l'Europe" va-t-il se concrétiser rapidement ? Rien n'est moins sûr selon Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air qui était invité de Good Evening Business quelques heures après l'annonce de la Commission européenne. "On a vraiment un problème de tempo, déplore-t-il. On peut mettre tous les chiffres qu'on veut mais il faut bien les mettre en place. L'argent doit servir une stratégie : le soutien de l'Ukraine."

"Les Européens n'ont pas vraiment investi et leur économie n'est pas dans un rythme de guerre comme celle de la Russie ou même au rythme de l'industrie américaine qui tourne grâce aux 900 milliards de dollars permanents du budget de la défense."

Ainsi, l'ancien commandant allié de l'Otan considère que cette enveloppe conséquente pourrait plutôt être utile à moyen-long terme, notamment pour aider l'Ukraine : "La montée en puissance européenne va prendre du temps. A court-terme, il ne faut pas attendre de miracles. Le besoin est tel que les Européens ne sauraient pas fournir dans le court-terme."

"Toute réduction des moyens américains se fera sentir"

En attendant la concrétisation de ce plan de 800 milliards d'euros, Jean-Paul Paloméros voit d'un mauvais oeil la suspension de l'aide militaire américaine à destination de Kiev. "Toute réduction même minime des moyens américains se fera sentir, insiste-t-il [...] Les Etats-Unis fournissent une profondeur stratégique à l'Ukraine avec leur stock d'armements mais aussi des capacités rares comme avec leurs Patriots ou certains armements pour tirer dans la profondeur et les capacités de renseignement qui sont indispensables dans une guerre de cette nature."

"L'Ukraine ne peut pas raisonnablement survivre à un retrait américain."

Dans cette perspective, l'ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air espère que la relation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky s'arrangera après leur altercation dans le bureau ovale : "Il faut absolument qu'après ce clash de Washington, qui était un piège tendu par le président Trump, Monsieur Zelensky reprenne la main et montre sa bonne foi et l'importance que joue l'allié américain. Il faut qu'il se rapproche, il a plutôt flaté le président Trump et a mis en point d'orgue une trève qui a peu de chance d'aboutir mais au moins, ça montre sa bonne volonté."

Timothée Talbi