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Défense

Armement: que pèse l’industrie française de la défense terrestre?

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Les entreprises spécialisées du secteur de l'armement terrestre et aéroterrestre forment un tissu industriel installé dans l'ensemble du pays. Tour d'horizon sur ce secteur à l'occasion du salon Eurosatory.

L'économie de guerre n'est pas une notion théorique. Cette dynamique lancée il y a deux ans par Emmanuel Macron lors du salon Eurosatory (qui ouvre ses portes ce lundi) -et organisée avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu- repose sur un tissu industriel dense. Il se compose de plus de 4.000 entreprises et 225.000 emplois.

Certaines régions sont spécialisées dans les équipements aérien ou naval, mais dans l'armement terrestre, le maillage couvre l'ensemble des régions françaises. Selon les données du dernier rapport du Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestre et aéroterrestres (GICAT), cette catégorie représente 48.000 emplois sur les 210.000 de l'ensemble de la BITD (base industrielle et technologique de défense). Cette activité est principalement composée de PME qui représentent près de 80% des entreprises.

Les pôles majeurs de l’armement terrestre

"Le secteur terrestre irrigue nos territoires. De Bergerac à Roanne, en passant par Limoges ou adossé aux 100 régiments français, l'industrie terrestre parsème l'Hexagone et permet à de nombreux départements français de résister à la désindustrialisation", note Thomas Gassilloud, député (Renaissance) sortant et président de la Commission de la défense nationale et des forces armées à l'Assemblée nationale.

La base industrielle et technologique de défense (BITD) regroupe l'ensemble des entreprises de défense qui contribuent à concevoir et à produire les équipements pour les armées.
La base industrielle et technologique de défense (BITD) regroupe l'ensemble des entreprises de défense qui contribuent à concevoir et à produire les équipements pour les armées. © Ministère des Armées

La répartition de ces industries est historiquement organisée selon les spécialités des entreprises. L'Île-de-France abrite non seulement des sièges sociaux des géants de l'industrie, mais aussi les TPE et PME spécialisées dans les services. L'électronique et l'aéroterrestre est en Haute-Garonne ou dans les Bouches-du-Rhône.

Les sites spécialisés dans les armes de petit, moyens et gros calibres ainsi que les véhicules blindés sont, depuis des décennies, basés dans la Loire, le Cher, le Loiret et le Loir-et-Cher. Les pôles majeurs de l’armement terrestre sont notamment à Bourges avec le missilier MBDA et KNDS France (ex-Nexter) qui produit entre autres le canon Caesar dont la production est en forte augmentation depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. D'autres pôles importants se trouvent à la Ferté-Saint-Aubin avec des groupes comme Thales ou à Limoges avec Arquus ou Texelis.

Produire plus, plus vite et en France

Depuis deux ans, l'ensemble de ces entreprises et quelle que soit leur taille ont été mises sous pression pour produire plus et plus vite, mais aussi pour "retrouver notre souveraineté dans les secteurs stratégiques". Le cas le plus cité depuis des mois a été celui de KNDS France qui a triplé en seulement deux ans la production des canons Caesar pour atteindre une cadence mensuelle de six unités.

Un autre site stratégique a aussi été relancé. C'est Eurenco qui produit de la poudre nécessaire pour les obus de 155 millimètres du canon Caesar. Ce site a été arrêté en 2007 "pour de mauvaises raisons", selon le ministre des Armées, qui l'a relancé il y a deux ans dans le cadre de l'économie de guerre.

20 milliards de commandes en 2023

En deux ans, le site d'Eurenco à Bergerac a été remis sur pied et sera en capacité de produire chaque année 1.200 tonnes de poudre dès 2025 afin de reconstituer les stocks de l'armée française, soutenir l'Ukraine et participer au réarmement de l'Europe. Pour parvenir à cette performance, cette PME héritière de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) créée en 1915, a investi 50 millions d'euros et a bénéficié d'un soutien de dix millions d'euros de la Direction générale de l'armement (DGA).

Cette économie de guerre s'appuie sur une Loi de programmation militaire (LPM) dont le budget est en augmentation de 40% pour atteindre 413 milliards d'euros entre 2024 et 2030. Sur les 30 milliards de commandes en cours, 20 milliards d'euros ont été passés par l'Etat à la BITD pour l'année 2023, dont 1,5 milliard à Arquus, trois milliards pour MBDA, un milliard et demi pour KNDS France, 2 milliards pour Safran et 6 milliards pour Thales.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco