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Défense

Anduril prête main forte à Microsoft pour créer le casque connecté du soldat américain du futur

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Le programme de casque connecté du soldat du futur est relancé après trois années de pause. Pour le concevoir, Microsoft s'est associé à Anduril, une jeune entreprise de l'armement dirigée par Palmer Luckey, cofondateur d'Oculus.

Le programme a été mis en pause par le Pentagone en 2021. Il vient d'être relancé toujours avec Microsoft qui cette fois se fera aider par Anduril Industries, une start-up spécialisée dans l'armement. Cette entreprise est dirigée par Palmer Luckey qui a participé à la création d'Oculus VR, une technologie rachetée en 2014 pour deux milliards de dollars par Mark Zuckerberg.

Les deux experts de la réalité augmentée ont pour mission de créer le casque du futur des forces spéciales américaines doté du système IVAS ou Système intégré d'augmentation visuelle. Ce contrat sur dix ans représente un montant total de 21,8 milliards de dollars. Connecté à Jedi (Joint Enterprise Defense Infrastructure), le Cloud créé par Microsoft pour l'armée américaine, cet équipement de combat collaboratif sera bien sûr enrichi d'une intelligence artificielle militaire capable d'analyser des situations et prendre des décisions.

Le combat collaboratif du fantassin

Les soldats pourront communiquer et partager des informations via des réseaux satellites avec d'autres unités (terrestre, navale ou aérienne), consulter des cartes où sera affiché le positionnement des troupes amies et ennemies et même engager des cibles. Il est en effet question d'y connecter des armes dont le tir sera guidé sur la cible à la manière des systèmes de visée des avions de combat.

La première version a été présentée en 2021 par Microsoft après trois années de recherche. Elle n'avait pas été retenue après des tests effectués par les forces spéciales. Le programme avait été mis en pause sans explication officielle, mais quelques motifs avaient fuité: le casque n'était pas assez robuste, il ne fonctionnait pas sous la pluie, il affichait une faible autonomie et imposait d'équiper les soldats de batteries qui alourdissaient leur paquetage. Enfin, son usage provoquait des nausées et des pertes d'équilibre.

Avec Anduril, le redémarrage du programme va être suivi de près. Cette entreprise est à l'industrie de l'armement ce que Tesla a été pour l'automobile. En quelques années, elles s'est imposée chez les militaires avec des produits efficaces tout en étant bien moins chers que ceux des concurrents en redéfinissant toute la chaîne, depuis la conception jusqu'à la production.

Son catalogue est déjà bien rempli et la start-up est vite devenue l'un des fournisseurs de l'armée américaine. Son ambition est de "transformer les capacités de défense des États-Unis et de ses alliés" avec des armements intelligents, peu coûteux et adaptables aux différentes missions".

De l'IA à tous les étages

Anduril Industries a mis au point Ghost-X, un drone de reconnaissance créé en collaboration avec la division aviation du commandement américain de l'armée du futur et la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA). Les premiers exemplaires doivent être livrés avant la fin de l'année.

La jeune entreprise a aussi mis au point les Barracuda, une gamme de missiles pilotées par une IA pour se déplacer en mode autonome. Ils ont été conçus avec une chaîne de production pour les produire deux fois plus vite en utilisant moitié moins de composants que les missiles concurrents. Anduril affirme qu'ainsi, ils seraient 30% moins chers que ceux de ses compétiteurs.

La startup américaine Anduril a créé une gamme de missiles. Ils sont low cost et facile à produire en grande quantité.
La startup américaine Anduril a créé une gamme de missiles. Ils sont low cost et facile à produire en grande quantité. © Anduril

L'entreprise ne cache pas ses orientations politiques pro-Trump. En 2018, elle avait fait parler d'elle avec un projet étonnant. Elle proposait de créer un mur virtuel pour surveiller la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Ce dispositif était conçu pour accueillir un système de surveillance ultra sophistiqué composé de caméras à reconnaissance d’image pour détecter et identifier les mouvements dans un rayon de 3 kilomètres.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco