L'armée américaine stoppe le programme de casque de combat connecté engagé avec Microsoft

La version militaire du casque Hololens est doté de capteurs pour la vision nocturne et thermique permettant aux force spéciales de prendre des décisions tactiques et engager des cibles - Bridgett SITER / US ARMY
Marche arrière toute sur le contrat à 22 miliards de dollars signé en avril dernier par le Pentagone avec Microsoft. Le géant de la tech devait fournir des dizaines de milliers d'exemplaires d'une version militaire du casque à réalité augmenté Hololens. Au final, ce casque de salon n'est pas adapté à un usage sur le terrain, selon le site américain Jane's qui dévoile ce revirement.
Peu d'explications précises sur la mise en sommeil de ce programme au départ présenté comme stratégique. Selon l'armée américaine, le modèle testé par les forces spéciales ne seraient pas assez robuste. Le bureau qui gère ce programme a donné en exemple le fait que le casque ne peut fonctionner sous la pluie. Autre point faible, l'autonomie qui impose de transporter des batteries dans un paquetage déjà lourd.
Protestations en interne
Par contre, les fonctionnalités ne font l'objet d'aucune critique. Avec ce casque connecté, les soldats ont accès à une mine d'informations en temps réel. Ils peuvent repérer la position de leurs troupes et celles des forces ennemis grâce à la géolocalisation et une technologie de reconnaissance faciale. Une fonction permet aussi de partager le flux vidéo non seulement avec un quartier général mais avec les autres membres de l'unité. Enfin, il devait permettre d'effectuer des tirs précis en le connectant à une arme.
Malgré tous ces points et le montant du contrat, l'armée a décidé d'arrêter le programme sans dire si la décision est provisoire ou définitive. Une déception pour Microsoft qui est engagé dans des programmes militaires avec le Pentagone. L'an dernier, l'entreprise a été sélectionnée face à Amazon Web Services pour créer un "Cloud" militaire baptisé Jedi, pour Joint Enterprise Defense Infrastructure.
A l'époque, Google s'était retiré de l'appel d'offre sous la pression de ses salariés malgré le montant du contrat (10 milliards de dollars). Le groupe avait dû affronter ses équipes lors du projet Maven, une intelligence artificielle pour les drones de reconnaissance.
Chez Microsoft, les contrats militaires sont également vivement critiquée. Lors du lancement du projet de casque connecté en 2019, les équipes de la division Hololens avaient vivement protesté contre le fait d'utiliser cette technologie "pour tuer". Dans un courrier adressé à Satya Nadella, PDG de Microsoft, ils rappelaient que leur mission n'était pas de "développer des armes" et exigeaient aussi d'avoir leur "mot à dire sur la façon dont [leur] travail est utilisé". Cette fronde est-elle à l'origine de la rupture de l'accord?
