"Découragés", peu soutenus par les banques… Le malaise des patrons de TPE

Une inquiétude généralisée. Les patrons de TPE (professionnels indépendants, artisans, commerçants, dirigeants d’entreprises de moins de 10 salariés) n'ont pas le moral face à une conjonction d'éléments négatifs.
Selon le dernier "état des lieux des TPE" réalisé par le SDI* (Syndicat des indépendants et des TPE), 86% des 1.790 chefs d'entreprise interrogés mettent en avant un état d'esprit négatif au troisième trimestre, ils se disent même "découragés". C'est un point de plus que lors du trimestre précédent mais surtout cinq points de plus sur un an.
Il faut dire que l'activité semble en berne dans de nombreux secteurs puisque 63% des interrogés observent une baisse de leur chiffre d'affaires, dont 24% "en forte baisse".
Salaires en berne
De quoi provoquer une baisse des salaires que se versent les patrons de TPE. 52% d'entre eux déclarent constater une baisse de leurs revenus au troisième trimestre et 51% disent avoir gagné moins d’un Smic sur la période. 31% déclarent néanmoins gagner plus de 2.000 euros en moyenne, dont 13% plus de 3.000 euros.
La conjoncture atone pèse sur les trésoreries, principal point faible de ces petites structures. 55% des sondés estiment avoir des problèmes de trésorerie, dont 26% jugent qu'ils sont importants (un chiffre qui monte à 36% pour les TPE bénéficiant d'un prêt garanti par l'État).
L'allongement des délais de paiement et le manque de soutien des banques pèsent également. Rappelons qu'en 2024, 73% des TPE ont constaté un allongement des délais des retards de paiement contre 55% pour les ETI et grandes entreprises. Depuis le début de l'année, la Banque de France a dégradé la cotation financière de "près de 500 entreprises" pour des retards de paiement à leurs fournisseurs, soit +37% en un an.
De son côté, l'accès au crédit s'assèche malgré la baisse des taux d'intérêt. 27% des TPE qui ont sollicité un prêt pour leur trésorerie ont reçu une fin de non-recevoir, contre 14% au deuxième trimestre, soit presque le double. 13% qui ont fait cette demande pour un crédit d'investissement ne l'ont pas obtenu contre 6% un trimestre plus tôt.
Une progression qui nourrit un cercle vicieux: "l’accroissement des bilans négatifs et la hausse des défaillances diminuent le soutien des banques", souligne le SDI.
Recrutements gelés
Autant d'éléments qui brident la capacité des TPE à investir et également à recruter. Seulement 13% des entreprises interrogées disent être en recherche de personnel contre 19% un trimestre plus tôt et 22% lors des trois premiers mois de l'année. En cause, le niveau des charges sur les salaires (53%) et les incertitudes sur la situation économique du pays (44%).
La hausse anticipée du Smic de 2% au 1er novembre représente également un frein important. Seuls 41% des responsables de TPE seraient en capacité de l’assumer et 59% ne le pourront pas en l’état.
"Les TPE emploient le tiers de leurs salariés à ce niveau de rémunération et jusqu’à 40% dans les secteurs à forte intensité de main d’œuvre", rappelle l'étude.
"L’année 2024 se poursuit dans un contexte difficile pour les artisans, commerçants et dirigeants de TPE. Au fil de nos enquêtes trimestrielles, l’état d’esprit négatif se maintient à un niveau élevé depuis janvier 2024", conclut le SDI.
*Enquête état des lieux des TPE au troisième trimestre 2024 réalisée par le Syndicat des Indépendants et des TPE .1.790 répondants du 26 septembre au 2 octobre 2024.