Décarbonation: Emmanuel Macron cible trois technologies de rupture pour les industriels

Lors d'un long discours adressé aux représentants des 50 sites les plus polluants de France, le président de la République a fixé une feuille de route. Et promet des aides sur un principe de donnant-donnant.

Hydrogène, capture du carbone, biomasse. Face aux industriels les plus polluants du pays, Emmanuel Macron a esquissé ce à quoi pourrait ressembler une décarbonation industrielle, alors que les leviers dans le domaine demeurent à l'heure actuelle peu nombreux et couteux, et que la France veut réduire de moitié les émissions (43 millions de tonnes de C02, soit 10% des émissions nationales) d'ici 2030. De quoi honorer ses engagements européens, fixés par le plan Fit for 55, et devant mener à la neutralité carbone en 2050.

Priorité a été donnée à trois technologies capables d'engendrer ces évolutions, à commencer par l'hydrogène: rappelant que la France s'est dotée dès 2018 d'un plan à ce sujet, le président de la République a évoqué les 2 milliards déjà investis dans des projets de gigafactories d'électrolyseurs, producteurs d'un hydrogène "vert".

Plusieurs dizaines de sites de production d’hydrogène sont à prévoir, car nous avons la possibilité de reconsolider une chaîne de valeur entière" a t-il tancé. 3 milliards d'euros sont réservés pour financer les projets nominés dans le cadre européen et 4 milliards supplémentaires seront mobilisés."

Autre sujet, la biomasse: Emmanuel Macron a plaidé pour la constitution d'une "filière forestière intégrée" capable de grossir la production de biomasse disponible pour les usages qui n'ont pas d'alternatives non polluantes. Il a en outre annoncé qu'une stratégie serait bâtie dans les 6 mois par le gouvernement à ce sujet, et que 200 millions d'euros seront investis "dans les 3 prochaines années dans la recherche fondamentale et appliquée". Le stockage de la chaleur et les procédés chimiques sont les priorités.

Enfin, l'exécutif semble vouloir accélérer sur les technologies de capture et de séquestration carbone: si le procédé est critiqué par les scientifiques et les associations écologistes, il pourrait s'avérer nécessaires aux industriels très polluants pour réduire leurs émissions résiduelles.

Il est essentiel de préparer un déploiement à grande échelle de cette technologie car c’est la seule qui permette la décarbonation pour certaines plateformes, explique Emmanuel Macron. France 2030 va vite y contribuer, avec la présentation sous six mois par le gouvernement d’un plan sur le sujet, qui sera intégré dans la programmation pluriannuelle de l’énergie."

Doublement des aides publiques

Après ces annonces sectorielles, le président de la République a lancé un défi aux industriels, à travers des "contrats de transition écologique": il veut leur faire accélérer la recherche et le déploiement de solutions non polluantes - avec des aides supplémentaires à la clé.

"Si des projets et des sites sont identifiés d'ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts (..) nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l'enveloppe de 5 à 10 milliards d'euros d'accompagnement", a déclaré le chef de l'Etat.

Engagés à devoir pour l'instant atteindre une réduction de 10 millions de tonnes d'émissions de CO2 annuelles, les industriels sont donc incités à basculer vers un objectif de 20 millions, façon d'atteindre sans contrainte les objectifs du plan Fit for 55.

Valentin Grille