Comment Air France veut réduire ses émissions de 12% d'ici 2030

12%. C'est le chiffre-clé de l'engagement d'Air France sur la question des émissions de gaz à effet de serre. En valeur absolue, la compagnie tricolore veut atteindre ce niveau de réduction dès 2030, a-t-elle annoncé ce mercredi.
Elle revendique déjà une baisse de 6% entre 2005 et 2019. Mais ce chiffre modeste doit être mis en perspective avec la hausse du trafic sur la période, évaluée à 32%. Et d'ici 2030, la croissance de l'activité continuera à affaiblir durablement la capacité d'Air France à réduire sa nuisance écologique: les émissions par passager-kilomètre seront réduites de 30%, mais les vols augmenteront de 2% par an sur les huit prochains exercices.
Ces nouveaux engagements sont révélés au moment où le transport aérien est pointé du doigt pour sa contribution au réchauffement, bien qu'il ne représente qu'entre 2,5 et 3% des émissions totales de CO2.
Mais cette part relative est vouée à augmenter, étant donné le rythme de croissance que le secteur prévoit au-delà des effets du Covid-19 qui a quasiment divisé par trois sa clientèle mondiale en 2020 par rapport à 2019. Cette année-là, 4,5 milliards de voyages en avion ont eu lieu dans le monde. En 2050, l'Association du transport aérien international (Iata), le porte-voix des compagnies, en envisage 10 milliards.
Biocarburants et nouvelles flottes
Air France pointe spécifiquement deux axes pour réduire son empreinte carbone. Elle aura recours aux biocarburants, d'abord, avec "au moins 10% d'incorporation sur l'ensemble de ses vols (d'ici à 2030), et 63% en 2050". Ce chiffre est d'à peine 1% aujourd'hui pour les vols au départ de France.
Une feuille de route établie entre Air France et le ministère de la Transition Ecologique a établi l'objectif de 2% d'incorporation en 2025 et 5% en 2030 minimum dans le secteur aérien. Le tout, pour permettre ensuite un déploiement plus large et atteindre 50% en 2050. Une directive européenne indique pour sa part le plafond de 7% de biocarburants en concurrence alimentaire, dont veulent donc se détourner les compagnies. En moyenne, les carburants d'aviation durable permettent de couper 80% des émissions sur un cycle de vie entier du combustible.
Autrement élément d'ampleur, le renouvellement de la flotte: Air France mise sur les nouvelles générations d'Airbus A220 (moyen-courrier) et Airbus A350 (long-courrier), moins gourmandes de 25% en carburant.
D’ici 2030, ces appareils représenteront 70% de la flotte Air France contre 7% aujourd’hui grâce à un investissement d’un milliard d’euro par an d’ici 2025.
Des changements qui concerneront tant la flotte passager que l'activité cargo. 4 Airbus A350F Cargo viennent d'être achetés par le groupe Air France-KLM, avec un droit pour en acheter 4 autres, afin de compléter les deux Boeing 777F Cargo employés actuellement.
Dans la lignée de l'accord de Paris
Les autres volets du plan dévoilé par Air France incluent de la compensation carbone, cantonnée dans les présentations du groupe aux "émissions résiduelles", c'est-à-dire les émissions qui ne pourront pas être réduites par les efforts enclenchés par ailleurs. Cette compensation prend depuis 2020 la forme de soutiens apportés à des projets dans le renouvelable, la déforestation ou la biodiversité, en Afrique ou en Amérique Latine. Air France explique compenser ainsi l'intégralité de ses émissions concernant ses vols domestiques.
La réduction des plateaux à usage unique, la mise en place de pratiques de pilotage moins polluantes (destinées à économiser jusqu'à 3% des émissions), et le développement de l'intermodalité aux côtés de la SNCF doivent compléter la marche.
En outre, la compagnie dirigée par Anne Rigail a soumis son plan à la Science-Based Targets initiative, qui valide que des objectifs sont fondés sur la science du climat et en ligne avec l'accord de Paris. Le tout, en réaffirmant son objectif de 50% de réduction en 2050, objectif porté par la IATA (International Air Transport Association).