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Chemise noire, pantalon sombre... Le nouveau code vestimentaire chez Starbucks crispe les salariés

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Les employés de la célèbre chaîne américaine se plaignent de devoir acheter à leurs frais des vêtements neufs pour se conformer aux nouvelles règles. Et regrettent la souplesse qui prévalait auparavant.

Si tous les employés de Starbucks arborent le célèbre tablier vert de la chaîne spécialisée dans le café, jusqu'au mois de mai dernier, ils pouvaient porter sous cet uniforme à peu près ce qu'ils voulaient.

Mais depuis, la firme a serré la vis en imposant de nouvelles règles qui crispent les salariés. Sous le tablier, le code vestimentaire devient strict, comme le relate l'agence AP.

Ces règles imposent à tous les employés en Amérique du Nord de porter une chemise noire unie à manches courtes ou longues, des pantalons en jean kaki, noirs ou bleus, sans motifs ni ourlets effilochés, ou des robes noires unies ne dépassant pas 10 cm au-dessus du genou.

Le code vestimentaire exige également des chaussures noires, grises, bleu foncé, marron, beiges ou blanches, fabriquées dans un matériau imperméable. Les chaussettes et les collants doivent être "sobres". Il est par ailleurs interdit d'avoir des tatouages ​​faciaux ou plus d'un piercing au visage. Les piercings à la langue et le "maquillage de cinéma" sont également interdits.

Il s'agit selon Starbucks de mettre en valeur les tabliers verts des employés afin de créer un sentiment de familiarité pour les clients. Cette mesure intervient alors que l'entreprise cherche à rétablir une expérience plus chaleureuse et accueillante dans ses restaurants. Selon AP, les employés qui ne s'y conforment pas ne sont pas autorisés à prendre leur service.

Action en justice

De quoi susciter une double réaction négative des salariés. Ils regrettent d'abord la souplesse qui prévalait auparavant. En 2016, la chaîne avait ainsi autorisé ses employés à porter des chemises à motifs dans une plus grande variété de couleurs ou plusieurs piercings au visage afin de leur donner plus de possibilités d'expression. "C'est triste que tout le monde soit habillé en noir maintenant", regrette une salariée.

Surtout, les employés de la célèbre chaîne américaine se plaignent de devoir acheter à leurs frais des vêtements neufs pour se conformer aux nouvelles règles.

Brooke Allen, étudiante à temps plein qui travaille dans un Starbucks de Davis, en Californie, a déclaré qu'un responsable lui avait indiqué en juillet que les Crocs qu'elle portait n'étaient pas conformes aux nouvelles normes et qu'elle devrait porter des chaussures différentes si elle voulait travailler le lendemain. Elle a dû trouver une paire conforme, ce qui lui a coûté 60 dollars et encore 86 dollars supplémentaires en vêtements de travail.

"Je pense que l'entreprise fait preuve d'une grande indifférence en exigeant de ses employés qu'ils revoient entièrement leur garde-robe sans aucune compensation. Beaucoup d'entre nous vivent déjà au jour le jour", estime-t-elle.

Certains employés ont donc décidé d'intenter une action en justice contre le géant, affirmant qu'il avait enfreint la loi en modifiant son code vestimentaire et en refusant de rembourser les employés ayant dû acheter de nouveaux vêtements. Ils ont également déposé plainte auprès de l'Agence du travail et du développement de la main-d'œuvre de Californie.

La loi du Colorado interdit notamment aux employeurs d'imposer des dépenses aux employés sans leur consentement écrit, selon cette plainte. Les plaignants réclament des dommages et intérêts au nom de tous les employés de Starbucks dans ces États, que leurs magasins soient syndiqués ou non.

Starbucks n'a pas commenté directement les poursuites mais l'entreprise a indiqué fournir des vêtements à ses employés. "Dans le cadre de ce changement, et afin de garantir la préparation de nos partenaires, ceux-ci ont reçu deux chemises gratuitement. Starbucks désigne ses employés par le terme "partenaires".

Les plaignants sont soutenus par Starbucks Workers United, le syndicat qui a syndiqué 640 des 10.000 restaurants Starbucks aux États-Unis. Il a dans le passé déposé des centaines de plaintes pour pratiques déloyales de travail contre Starbucks auprès du Conseil national des relations du travail (NLRB).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business