Le patron de Starbucks gagne 6.666 fois plus que son salarié moyen (et ce n'est pas le plus gros écart dans les grandes entreprises américaines)

Ancien patron de la chaîne de restauration rapide mexicaine Chipotle, Brian Niccol vient d'être nommé président de Starbucks. - AFP
L'entreprise de prêt-à-porter Abercrombie & Fitch, qui est a connu son heure de gloire en France à la fin des années 2000, est la société américaine la plus inégalitaire selon le rapport annuel de l'AFL-CIO, la principale centrale syndicale du pays.
Sa PDG, Fran Horowitz, gagne 6.731 fois plus que la médiane de ses salariés. Concrètement, sa rémunération s'est élevée l'an passée à 17 millions de dollars (14,5 millions d'euros) quand le salaire médian de ses travailleurs n'était que de 2.531 dollars par an.
Cette année, Abercrombie & Fitch a fait état de résultats largement supérieurs aux prévisions au titre de son premier trimestre fiscal, avec une rentabilité en nette hausse.
Début octobre 2023, la BBC avait dévoilé une enquête sur l'ancien PDG de la marque de vêtements entre 1992 et 2014, Mike Jeffries, accusé d'exploiter des hommes à des fins sexuelles.
Un documentaire de Netflix revenant sur cette période avait également dépeint des pratiques de recrutement empreintes de racisme et de sexisme. Fran Horowitz a la tête de l'entreprise avait été nommée en 2014 pour redresser l'image de la marque.
6.666 fois plus
Elle est suivie de très près par le récent PDG de Starbucks, Brian Niccol, dans le classement établi par l'AFL-CIO. Avec une rémunération de 98 millions de dollars (83,28 millions d'euros), le patron de la chaîne de cafés gagne 6.666 fois plus que la médiane des salariés de son entreprise, selon les calculs de la centrale syndicale.
L'employé médian de Starbucks aurait dû commencer à travailler pour l'entreprise en 4.643 avant J.-C. juste pour percevoir ce que le PDG a gagné en 2024, selon la centrale syndicale.
L'AFL-CIO note que les employés de Starbucks occupent souvent des postes à temps partiel, ce qui a pour effet de tirer vers le bas leur rémunération. Ces derniers ont récemment créé un syndicat et organisé des grèves pour obtenir des augmentations de salaire.
Suivent les PDG de Nu Skin Enterprises (6.309 fois la médiane des salariés), spécialisée dans le marketing, et du fabricant de jouets Mattel (4.208 fois la médiane), qui produit notamment la Barbie.
+7% en un an
De manière générale, la rémunération des PDG des 500 premières sociétés américaines cotées a augmenté de 7% en 2024 par rapport à l'année précedente, pour atteindre une moyenne de 18,9 millions de dollars. Ce chiffre a augmenté de 6,5 millions de dollars en dix ans.
L'employé médian aurait dû commencer à travailler en 1740 pour gagner ce qu'un PDG médian recevait en 2024, observe l'AFL-CIO.
Les grands patrons américains verront de plus leur fiscalité allégée par le programme de réduction d'impôts et des dépenses porté par Donald Trump.
Selon les calculs de l'AFL-CIO, le PDG moyen d'une entreprise du S&P 500 bénéficiera d'une réduction d'impôt de 489.118 dollars, soit 639 fois supérieure à celle du salarié américain médian. Le manque à gagner pour les finances publiques est estimé à 738 millions de dollars.