Cette entreprise met une "piscine mobile" à disposition des communes en manque d'infrastructures

La piscine mobile sillonne les petites communes - Aqwa Itineris
"Au 1er avril 2017, la France disposait de 4135 piscines et de 6412 bassins de pratique de natation", expliquait l’an passé la Cour des Comptes dans son rapport public annuel. Une offre certes supérieure à celle de certains pays limitrophes mais trop inégalement répartie sur le territoire. "Peu d’équipements aquatiques sont présents dans les espaces périurbains", notaient notamment les Sages de la rue Cambon, pointant par ailleurs la vétusté des piscines existantes.
Seulement voilà, la rénovation ou la construction d’une piscine implique des investissements massifs que les collectivités ne peuvent pas toujours se permettre d'engager. Une situation regrettable alors que plus d’un Français sur sept ne sait pas nager.
Pour remédier à ce problème, Jean-François Buisson, fondateur de l’entreprise Aqwa Itineris, a mis au point une piscine itinérante. Vestiaires, douche, bassin… À l’intérieur de son semi-remorque, c’est un véritable centre-aquatique miniature qui a été reproduit. Testé depuis début 2018 dans des petites communes de Suisse, cet outil pédagogique s’est installé temporairement dans des cours d’écoles afin d’apprendre à nager à quelque 400 enfants.

"Il faut familiariser les enfants très tôt à la natation"
Comme le rappelle son concepteur, "l’objectif n’est pas de remplacer les piscines", mais plutôt d’aller là où il n’y en a pas. Capable d’accueillir cinq à dix enfants simultanément, cette piscine sur roues, qui n’est pour l’heure qu’un prototype, dispose d’un bassin en inox de 8 mètres sur 2 équipé d’un fond mobile qui peut faire varier la profondeur de 0 à 1,20 mètre. Un hayon élévateur extérieur permet en outre l’accès aux vestiaires pour les personnes à mobilité réduite.
C’est dans le cadre de ses activités humanitaires en Afrique du Nord que Jean-François Buisson a imaginé cette innovation. Confronté à la forte mortalité due à la noyade dans les pays en développement, il a voulu pallier au manque d’infrastructures nécessaires à l’apprentissage de la natation. S’il envisageait initialement de développer son concept pour aider les populations les plus démunies, il s’est rapidement aperçu que les pays en développement n’étaient pas les seuls à ne pas être au niveau en matière d’éducation aquatique.
"Il faut familiariser les enfants très tôt à la natation", estime-t-il, assurant que deux semaines de séances sérieuses et régulières dans sa piscine itinérante suffisent à apprendre à un jeune élève "les réflexes pour qu’il puisse se sauver en cas d’accident". Selon le Franco-suisse qui vante "l’efficacité pédagogique" de son innovation, "1000 enfants par an peuvent apprendre à nager avec une piscine comme celle-là".

Moins d'un million d'euros
Mais cet outil est aussi une solution pratique et économique pour les communes dépourvues d’infrastructures. Installé en deux heures et peu encombrante, son prix à l’achat de moins d’un million d’euros n’est pas comparable à celui d’une véritable piscine qui peut facilement atteindre les "4 à 5 millions d’euros", assure Jean-François Buisson. D'autant qu'un seul camion peut servir à plusieurs communes à la fois.
S’il se limite pour l’heure à de la location pour les communes et écoles les moins bien équipées, Jean-François Buisson espère à terme vendre plusieurs de ses "classes aquatiques" mobiles. Plusieurs groupements de communes suisses se seraient déjà montrées intéressées.
Le gouvernement prêt à financer
Son concept a également gagné la France et plus précisément l’île de loisirs de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) où le "camion-piscine" s’est arrêté pendant un mois au début de l’été. Selon Jean-François Buisson, les maîtres-nageurs qui ont pu y dispenser leurs cours ont salué "le confort" d’un environnement calme et intime qui favorise l’apprentissage de la discipline.
L’innovation a même tapé dans l’œil du gouvernement puisque la ministre des Sports et ancienne nageuse Roxana Maracineanu s’est rendue sur place. Alors que plus de soixante noyades ont été enregistrées en France au mois de juillet, elle a indiqué qu'elle pourrait servir à mieux développer l’éducation aquatique dans les territoires et ce, dès le plus jeune âge.
"On envisage, avec des financements de l'État mais aussi des collectivités, de pouvoir étendre ce type de dispositif à partir de l'année prochaine sur tous les territoires et, principalement, dans les territoires ruraux, carencés en équipements sportifs où ces solutions pourraient être les bienvenues", a déclaré la ministre des Sports auprès de France 3.
