Carte entreprise, carte affaires: quelles règles adopter pour éviter les fraudes?

Une révélation par semaine, ou presque. Le 27 septembre, Kiabi révélait avoir été victime d'une "fraude financière sophistiquée d'ampleur", un détournement de plus de 100 millions d'euros orchestré par Aurélie B., une ancienne trésorière exilée à Miami. Depuis, Le Parisien a révélé que cette femme n'en était pas à son coup d'essai. Elle avait déjà détourné 760.000 euros à l’Inseec, une école de commerce spécialisée dans le management.
Dernière révélation en date, toujours selon Le Parisien, Aurélie B. aurait aussi sévi chez Cultura. Les faits remontent à 2013. La jeune femme était alors âgée de 29 ans. Alors assistante trésorerie de l'enseigne de produits culturels, elle réglait ses frais personnels avec la carte affaires confiée par Cultura. Elle achetait ainsi des produits de luxe sur internet. Une fois découvert, le scandale s’est réglé en interne dans la plus grande discrétion, Aurélie B. signant, à la demande de la direction, une reconnaissance de dette pour la somme de 59.852,98 euros.
Décider du degré de confiance
Une affaire qui interroge tant sur les règles que sur les dérives potentielles autour de ces cartes. Comment est-il possible de détourner de telles sommes grâce aux cartes affaires sans attirer l’attention plus tôt? Et quels dispositifs mettre en place pour éviter que ce type d’affaires se reproduise?
Dans l'émission BFM Business Avec Vous, Paul Van Deth, avocat associé chez Vaughan Avocats, rappelle tout d’abord que "la carte affaires est un moyen de paiement mis à disposition des salariés".
"Cela signifie qu’une entreprise fait suffisamment confiance à ses salariés pour utiliser ses deniers à des fins purement professionnelles."
Pour éviter de se retrouver escroqué comme Cultura ou Kiabi, il est donc indispensable de mettre en place des "moyens de contrôle, en général a posteriori", souligne Paul Van Deth, "sauf dans le cas des virements et des paiements en ligne où l'employeur peut imposer de donner son accord" en direct.
"Derrière, soit on regarde chaque mois les dépenses des différents moyens de paiement et on demande des justificatifs aux salariés. Soit on est dans la confiance et on permet aux salariés d'auto-déclarer ce qu'ils ont dépensé."
"La confiance n'exclut pas le contrôle"
C'est là que la gestion de l'émotionnel entre en jeu. "Quand on fait confiance à quelqu’un, on fait moins attention", analyse Jean-Louis Lascoux, président de la chambre professionnelle de la médiation et de la négociation.
"Cette femme, si on lui a permis de faire autant de dépenses sans la contrôler, c'est qu'elle était appréciée de ses collègues et ses supérieurs."
"La confiance n'exclut pas le contrôle. Ce qui est fou, c’est qu’aucune des différentes entreprises qui ont engagé cette femme ne se sont aperçues des fraudes dans des délais raisonnables", nuance Xavier Rodriguez, président du groupe Jarnias.
Pour ce chef d'entreprise, la gestion de la comptabilité ne doit pas être affectée par des liens personnels.
"L'argent, on met du temps à en gagner donc il faut en prendre soin."
Dans le cas des cartes affaires confiées à des salariés, mieux vaut trop de contrôles que pas assez. "C'est pour ça que nous on met en place des processus, je le reconnais, assez fastidieux mais qui permettent de garantir le bien commun qu'est l'argent de l'entreprise." Les récentes affaires Kiabi et Cultura en sont la preuve par l'exemple.