Atos va isoler ses activités de services informatiques pour les restructurer
Atos va tenter de stopper l’hémorragie. Le groupe annonce ce mardi son plan stratégique visant à redresser ses comptes. Selon nos informations, il va annoncer le détourage de ses activités historiques de services informatiques qui seront ensuite constituées dans une "entité juridique à part", nous explique une source. Cette nouvelle société, qui restera logée dans Atos, disposera d’une gouvernance et d’un bilan à part, afin de la gérer en autonomie.
La plupart de ces activités concerne dans la branche "tech fondation" qui regroupe la gestion de parcs informatiques pour les entreprises ainsi que les data centers d’Atos. Cette division est en perte de vitesse avec un chiffre d’affaires en recul et des marges qui plongent depuis un an.
Isoler et restructurer
Pour éviter de faire de cette nouvelle branche une "structure de défaisance", Atos y apportera aussi "quelques activités" de ces deux autres filiales, la transformation informatique digitale et la cybersécurité. Atos va aussi revoir l’allocation des coûts de siège et leur redistribution aux trois entités. L’objectif serait d’alléger ceux que portera la nouvelle entité afin d’augmenter immédiatement ses marges. Les deux autres divisions en porteront donc davantage.
Isoler ces activités vise à protéger aussi le reste du groupe. Car depuis un an, leur déclin plombe les résultats de l’ensemble du groupe. Atos a réalisé deux alertes sur ses résultats depuis début 2021 et a vu son taux de marges divisé par trois, passant de 9% à 3,5%. Elles seront désormais contenues dans une entité qui sera gérée en complète autonomie. Leurs comptes ad hoc pousseront Atos à poursuivre sa restructuration. Le groupe espère surtout retrouver la confiance des investisseurs. Le cours d’Atos a été divisé par quatre en deux ans.
Une étape vers une revente
Cette décision est un compromis entre le directeur général et son conseil d’administration. Rodolphe Belmer a proposé, ces dernières semaines, plusieurs options stratégiques radicales visant à isoler davantage ces activités en déclin. Mais il s’est heurté à l’opposition du conseil et de son président, Bertrand Meunier.
Les administrateurs d’Atos ont adopté comme ligne de conserver "l’indépendance et l’intégrité" du groupe. Conserver la branche historique répond à cette stratégie mais ouvre la voie à d’autres options pour plus tard. "L’autonomie des services informatiques est une étape vers leur vente à terme, estime un bon connaisseur d’Atos. Mais les garder permet aussi d’éloigner les prédateurs qui n’en voulaient pas".
L’Etat à la manœuvre
Thales en tête, mais aussi, Orange ou Airbus s’intéressent à la pépite d’Atos : sa division de cybersécurité. Tous disposent d’activités similaires et cherchent à les développer. Ils ont approché Atos qui les a éconduit. En enterrant toute opération de vente ou de partenariats capitalistiques, Atos s’en remet aussi à la décision de l’Etat dans ce domaine hautement stratégique de la cybersécurité qui concerne notamment le ministère des Armées.
L’Etat est en plus actionnaire des trois concurrents d’Atos qui rôdent autour de lui. Le futur gouvernement devra se pencher sur le sujet dans les mois qui viennent. L’Elysée va commencer dans les jours prochains. Selon nos informations, son secrétaire général, Alexis Kohler, doit rencontrer cette semaine le directeur général d’Atos, Rodolphe Belmer.