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Atos repousse la date butoir pour les propositions de ses créanciers après un repli de ses ventes

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Le groupe dit toujours vouloir parvenir à un accord de refinancement avec les créanciers financiers d’ici juillet 2024. Le recul de son chiffre d'affaires au 1er trimestre pourrait entraîner un besoin accru en liquidités.

En grandes difficultés financières, Atos a prévenu jeudi qu'il avait besoin de liquidités supplémentaires et de réduire davantage sa dette alors que son activité a souffert au premier trimestre, l'obligeant à revoir plan d'activité pour 2024-2027.

Début avril, le groupe avait présenté un très attendu plan de refinancement qui reposait alors sur la recherche de 1,2 milliard d'euros d'argent frais et la conversion de la moitié de la dette en actions.

Le débrief de la matinale : Atos dévoile son plan de sauvetage - 09/04
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Une dette de 3,9 mlilliards d'euros

"Nous mettrons à jour dans les jours à venir ces paramètres afin de tenir compte de l'ajustement de notre plan d’affaire pour 2024-2027", a averti jeudi le directeur général d'Atos, Paul Saleh, dans un communiqué publié à l'occasion des résultats du premier trimestre

Le groupe a prolongé au 3 mai la date limite des propositions de refinancement et dit toujours vouloir parvenir à un accord de refinancement avec les créanciers financiers d’ici juillet 2024.

A fin mars, l'endettement d'Atos atteignait 3,9 milliards d'euros pour une trésorerie d'un milliard d'euros.

Le chiffre d'affaires a reculé lors des trois premiers mois de l'année de 2,6% en données organiques, à 2,479 milliards d'euros.

La baisse d'activité a autant affecté le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le "big data", dont le chiffre d'affaires à chuté de 11,6% à 1,2 milliard d'euros, que la branche Tech Foundations (infogérance,) qui a connu un recul de ses ventes de 10,8% à 1,3 milliard.

Au-delà de la faiblesse du marché, notamment dans la région Amérique et en Europe centrale, Paul Saleh, le directeur général d'Atos, a aussi signalé des reports dans l'attribution de contrats de la part de clients qui attendent plus de clarification sur la résolution du plan de refinancement, lors d'une conférence téléphonique.

L'Etat à la manoeuvre

Le ministère de l'Economie s'est engagé en avril à prêter 50 millions d'euros à l'entreprise pour l'aider à stabiliser sa situation financière en échange d'une "action de préférence" qui lui permet de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, filiale d'Atos qui construit ses supercalculateurs.

"C'est un signal très clair de notre détermination à protéger les actifs stratégiques d'Atos. Donc nous y travaillons là aussi de manière très active. J'aurai l'occasion, d'ici la fin de la semaine, de préciser les choses", a déclaré mercredi soir Bruno Le Maire sur BFM Business.

Bercy envisagerait notamment de prendre une participation minoritaire dans la division BDS du groupe, et de s'adosser à un industriel français comme Dassault Aviation ou Thales. Contactés par l'AFP, le ministère, l'Agence des participations de l'Etat, Dassault Aviation et Thales n'ont pas commenté.

De leur côté, les créanciers s'organisent aussi.

Une alliance entre porteurs d'obligations - qui possèdent environ 2,4 milliards d'euros de dette, l'autre partie étant détenue par les banques - s'est ainsi créée, d'après une source proche du dossier.

Ce front obligataire était prêt à apporter 600 millions d'euros d'argent frais et convertir la moitié de sa dette en actions, soit 1,2 milliard d'euros, si les banques faisaient de même.

"Dans ces dossiers-là généralement, il y a ceux qui arrivent avec de l'argent frais et ce sont eux qui vont dicter leurs conditions", a résumé auprès de l'AFP Charles Monot, président de Monocle Asset Management.

Reste à savoir si ce type d'union tiendra lorsqu'Atos dévoilera ses nouveaux besoins en liquidités et réduction de dette.

OC avec AFP et Reuters