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TOUT COMPRENDRE – Faillites, panique, contagion… Que se passe-t-il avec les banques américaines?

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Plusieurs faillites de banques américaines se sont succédées depuis le début du mois de mars, faisant souffler un vent de panique en Bourse et sur l'ensemble du secteur bancaire.

Le secteur bancaire américain est ébranlé par les faillites rapprochées de plusieurs banques régionales. Mais que se passe-t-il depuis le début du mois de mars aux États-Unis? Retour sur ces dernières semaines mouvementées.

• Que se passe-t-il avec les banques américaines?

La liquidation de la Silvergate Bank, une petite banque prisée par l'écosystème des cryptomonnaies, est le premier signal d'alerte au début du mois de mars. Le même jour, une présentation de la Silicon Valley Bank (SVB), spécialisée dans le financement des entreprises de la tech, inquiète les clients et les investisseurs, qui se ruent sur leurs avoirs. La banque, au bord de l'implosion sous l'effet des retraits massifs, s'effondre en Bourse, la poussant à la faillite.

Les autorités américaines prennent alors le contrôle de la banque pour protéger les dépôts et limiter le risque de contagion. Mais des banques régionales ou de taille moyenne se retrouvent malmenées en Bourse, chahutées par l'anxiété du secteur de la tech, qui s'est propagée aux particuliers et aux entreprises d'autres secteurs. Deux jours plus tard, c'est au tour de la Signature Bank, vingt-et-unième banque du pays, d'être fermée d'office par les autorités américaines.

• Qu'est-il arrivé à First Republic?

Peu après la faillite de la Signature Bank, c'est désormais la First Republic, quatorzième banque des États-Unis, qui est dans la tourmente. Onze grandes banques américaines volent à son secours en y déposant 30 milliards de dollars pour renforcer ses liquidités et éviter la contagion des faillites précédentes. Après le mouvement de panique et cette "semaine noire" pour les banques américaines, la fuite des dépôts se stabilise dans les semaines suivantes.

D'autant que la publication de résultats financiers plutôt résistants par plusieurs banques régionales finissent par apaiser les marchés. Insuffisant calmer toutes les inquiétudes: First Republic s'effondre en Bourse à la fin du mois d'avril, après la confirmation du retrait de 100 milliards de dollars de dépôts au premier trimestre, la poussant elle aussi à la faillite. Les autorités américaines prennent le contrôle de la banque et en revendent la grande majorité à JPMorgan Chase.

• Comment en est-on arrivé là?

Ces quatre faillites successives suscitent des interrogations sur la solidité du secteur bancaire américain. Deux rapports, publiés à la fin du mois d'avril par les régulateurs bancaires nationaux, pointent néanmoins les erreurs des directions respectives de ces banques, leur reprochant notamment une mauvaise gestion des risques. Mais ces mêmes régulateurs reconnaissent également leurs propres défaillances en matière de supervision.

La chute de ces banques a également été entraînée par la rapide hausse des taux d'intérêt engagée l'an dernier par la Fed, qui a mécaniquement abaissé la valeur de leurs actifs à taux fixe. De nombreux clients de banques régionales ont pris peur, craignant que leur banque ne s'écroulent aussi, et ont retiré leur argent pour le placer dans des banques systémiques, c'est-à-dire des grandes banques considérées comme trop importantes pour ne pas être sauvées en cas de difficultés.

• Quel est le risque pour les banques européennes ?

La chute parallèle du géant helvétique Crédit Suisse, racheté par son grand rival UBS, a laissé planer le spectre d'une crise bancaire étendue à l'Europe, rappelant les mauvais souvenirs de la crise financière de 2008. Les indices boursiers et les valeurs bancaires ont été secoués à plusieurs reprises. Mais les institutions financières européennes, la BCE en tête, n'ont cessé de vouloir rassurer en garantissant de la solidité des banques du Vieux continent.

Les banques européennes ne sont en effet pas soumises aux mêmes règles que leurs homologues américaines – sans oublier que les États-Unis comptent une multitude de banques régionales, au contraire de l'Europe où le secteur s'est davantage concentré. Les normes strictes, dites "Bâle III", prises après la crise de 2008, concernent la quasi-totalité des banques européennes. Outre-Atlantique, on ne compte que treize banques soumises aux mêmes normes.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV