BFM Business
Assurance Banque

Malgré une forte hausse du nombre de clients, les banques en ligne demeurent en quête de rentabilité

placeholder video
L'Autorité de contrôle prudentiel de résolution (ACPR) a mené une étude auprès de quinze banques en ligne qui révèle que leur clientèle a doublé entre 2018 et 2020. Pour autant, la plupart de ces acteurs numériques de la finance peinent toujours à atteindre le seuil de rentabilité en raison de frais généraux encore trop élevés par rapport aux recettes générées.

Les banques en ligne occupent une place toujours plus importante sur le marché. C'est l'un des principaux enseignements d'une enquête réalisée par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Dans le cadre de celle-ci, le gendarme financier a interrogé l'année dernière quinze acteurs et intermédiaires financiers offrant des services bancaires ou de paiements en ligne ou accessibles par des applications 100% mobile.

Ces acteurs ont vu leur nombre de clients passer de 8 millions en 2018 à 16 millions en 2020 Au niveau national, plus d'une ouverture de compte courant sur trois en 2020 s'est opérée chez l'un des 15 établissements interrogés parmi lesquels figurent Boursorama, BforBank, Hello Bank, ING Direct et Fortunéo qui sont rattachés à des grands groupes bancaires traditionnels ou encore N26 et Lydia. Les jeunes de moins de 30 ans pèsent beaucoup dans cette évolution à la hausse, contrairement aux cadres dont la part représentative diminue.

Un contexte pandémique optimal

Alors que le marché bancaire reste capté en majorité par les établissements traditionnels qui jouissent de la fidélité des clients, le modèle proposé par les banques en ligne séduit de plus en plus. L'étude évoque notamment la pandémie comme un contexte qui a confirmé les nouveaux usages émergents des clients:

La plupart des acteurs ont constaté la résilience de leur modèle d’affaires en 2020, la crise sanitaire ayant confirmé la pertinence des modèles basés sur une relation bancaire à distance grâce à des outils numériques (plateformes intégrées, service client 7 jours/7) au service d’une plus grande autonomie des clients pour leurs opérations de banque au quotidien.

Les banques en ligne ont également profité du dynamisme du commerce en ligne et de l’essor du paiement sans contact, notamment pour les très petites transactions.

Des pertes qui se creusent

Cependant, cette hausse significative du nombre de clients ne se convertit pas encore en rentabilité pour ces acteurs numériques de la finance. Selon l'étude de l'entité qui dépend de la Banque de France, leurs pertes nettes ont atteint 441 millions d'euros en 2020 contre 376 millions l'année précédente. L'évolution du résultat net par client est semblable puisque le niveau médian diminue de 12 euros pour s'établir à -57 euros.

Le produit net bancaire (PNB) progresse trop peu par rapport à des frais généraux toujours trop élevés. La tendance à la diminution du montant des primes versées à la clientèle ne suffit pas à enrayer le repli du PNB par client même si celui-ci est d’ampleur limitée.

Seulement un acteur interrogé sur trois envisage ainsi d'être rentable à l'horizon 2022-2023, notamment ceux ne faisant pas partie d'un groupe bancaire. Parmi ceux qui sont liés à une grande banque traditionnelle, deux ont déjà atteint ce seuil.

Selon l'ACPR, cette rentabilité plus précoce serait due à une meilleure maîtrise des frais généraux et des coûts d’acquisition mais aussi à une spécialisation davantage poussée sur des segments précis à l'opposé des acteurs dits "généralistes".

Timothée Talbi