Hausse des taux: les crédits au secteur privé au ralenti en zone euro

La croissance des crédits accordés au secteur privé en zone euro a poursuivi son repli en février, avant même le retour des craintes sur le secteur bancaire qui pourraient accentuer le durcissement des conditions de crédit, a indiqué lundi la Banque centrale européenne.
Les prêts au secteur privé, ajustés de certaines opérations strictement financières, ont progressé de 4,3% sur un an, soit le cinquième mois d'affilée en retrait sur fond de relèvement des taux qui conduit à freiner la demande de crédit.
Cette tendance devrait se poursuivre dans les prochains mois et "pourrait également être influencée par les récentes turbulences bancaires mondiales", notent les analystes de la banque ING.
La faillite de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) le 10 mars, comme le rachat forcé du Credit Suisse par UBS, ont généré des inquiétudes sur la solidité du secteur bancaire aux Etats-Unis et en Europe.
La BCE n'a pas tremblé
Dans ce contexte, la BCE n'a pas tremblé en relevant de nouveau ses taux en mars.
La hausse cumulée atteint 3,5 points de base depuis juillet, pour tenter de calmer l'inflation élevée dans le sillage de la guerre russe en Ukraine.
Le scénario de la BCE d'un retour de l'inflation vers 2% en 2025, contre plus de 8% en février, montre qu'il y a "du chemin à faire pour contenir les pressions inflationnistes", a souligné sa présidente Christine Lagarde la semaine dernière.
Le resserrement monétaire produit lui ses effets sur le crédit bancaire: les prêts accordés aux entreprises ont ralenti leur progression en janvier à 5,7% sur un an, contre près de 9% quatre mois plus tôt.
La croissance des crédits accordés aux ménages a également ralenti, à 3,2%, contre un niveau de 4,5% l'été dernier.
Dans cet ensemble les prêts au logement reculent en volume de 1,0%.
En février la masse monétaire au sens étroit (M1), un indicateur avancé de la croissance qui inclut les dépôts à vue, a accéléré son recul à 2,7% en rythme annuel, selon la BCE.
Les acteurs privés transfèrent leurs dépôts à vue vers une épargne moins liquide et portant intérêt, comme en France le Livret A.
Ces sommes ne sont généralement pas dirigées vers la consommation, ce qui devrait peser sur la croissance.