Après le départ surprise de Luca de Meo, qui va lui succéder pour diriger Renault?

C’est LA question au lendemain de l’annonce surprise du départ de Luca de Meo de Renault: qui prendra sa suite à la direction générale du groupe? Le dirigeant italien est en poste jusqu’au 15 juillet mais dans son communiqué publié dimanche soir, le constructeur précise que "le conseil d’administration a lancé le processus de désignation d’un nouveau directeur général sur la base du plan de succession déjà défini". Et si rien n’a bien entendu été confirmé, des noms circulent déjà.
"Un remplacement rapide pourrait suggérer que Jean-Dominique Senard, président du groupe et qui jouera à nouveau un rôle clé dans cette période de transition, privilégie une solution interne", note Oddo BHF ce lundi.
Le nom de Denis le Vot, le directeur général de Dacia, est ainsi évoqué par les médias et les analystes. Nommé début 2021 à ce poste, il a notamment contribué au virage de Dacia vers des modèles plus verts (la Spring électrique, les modèles hybrides) et plus riches en équipements (comme le grand SUV de segment C Bigster). "Une autre piste pourrait être Josep Maria Recasens, responsable de la stratégie du constructeur depuis 2021 et, plus récemment, nommé CEO (directeur général, NDLR) d’Ampere depuis début avril", ajoute Oddo BHF.
Un candidat dans le vivier Stellantis?
Renault pourrait aussi aller chercher son futur dirigeant chez la concurrence. "Les récents changements (notamment de direction, NDLR) intervenus chez Stellantis pourraient constituer un vivier de candidats", estime la banque Jefferies.
Un nom revient avec insistance, jouissant "d’une excellente réputation", selon Oddo BHF: celui de Maxime Picat. Directeur des achats chez Stellantis, vu comme un cadre à haut potentiel du groupe, c’est un candidat déçu à la succession de Carlos Tavares. Outre sa fine connaissance du secteur, du produit (il a été directeur de Peugeot), il a aussi une approche ad hoc de l’outil industriel (il a été directeur d’usine en Chine pour PSA).
Les transferts de Renault vers Stellantis (et réciproquement) ne sont pas rares. Carlos Tavares avait pris la tête de PSA (devenu en 2021 Stellantis à la suite de la fusion avec Fiat Chrysler) en 2014, après avoir été directeur général délégué, et donc numéro deux chez Renault. Gilles Le Borgne, ex-directeur de l'ingénierie chez Renault, occupait précédemment le même poste chez Peugeot SA. Ce cadre a eu un rôle fondamental dans le redressement de Renault. Idem pour Gilles Vidal, directeur du design qui a fait le même chemin.
Un outsider de chez Volkswagen?
Autre nom qui circule: Wayne Griffiths. L’ancien PDG de Seat et Cupra (marques appartenant à Volkswagen) a quitté son poste en avril 2025 "à sa demande", après avoir été nommé en 2020 à la tête du groupe espagnol, un départ lui aussi inattendu. Il avait participé à la montée en puissance de Cupra, griffe sportive, devenue une marque à part entière dédiée notamment à l’électrique.
"Ce serait un bon choix pour l’ancien PDG de Seat qui en a surpris plus d’un en réussissant à construire la marque Cupra et en donnant enfin à Cupra/Seat une position de marché pertinente sans perturber le positionnement du groupe VW, et ses enjeux politiques", souligne dans un post sur Linkedin le spécialiste allemand Matthias Schmidt. À noter que Luca de Meo a aussi participé à l’émancipation de Cupra, puisqu'il a lui-même occupé la tête de Seat de 2015 à 2020.
Un ancien de Renault de retour?
Un consensus se dégage chez les analystes pour relever que le départ de Luca de Meo est "un coup dur" pour Renault, comme l’écrit Bernstein.
"Son enthousiasme nous manquera", résume Philippe Houchois, de Jefferies.
"Nous sommes attristés par le départ de Luca de Meo de Renault. Ce qui est particulièrement frustrant, c'est que nous pensons qu'un grand nombre d'investisseurs partageaient notre avis selon lequel l'ancien directeur financier Thierry Piéton aurait été le remplaçant évident de Luca de Meo si cette question avait été soulevée l'année dernière", peut-on lire dans la note de Bernstein.
L'intéressé a changé de secteur en partant en mars chez Medtronic, où il officie comme directeur financier. "Thierry Piéton est très impressionnant et possède certainement encore les connaissances et les compétences nécessaires pour diriger Renault. Nous espérons qu'il figure en bonne place sur la liste des candidats potentiels du conseil d'administration de Renault pour remplacer de Meo", espère le bureau d'études.