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Mauvaises récoltes, traité UE-Mercosur... Pourquoi les agriculteurs se remobilisent à nouveau

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D'importantes mobilisations d'agriculteurs sont attendues à partir de la semaine prochaine, relançant le mouvement de l'hiver dernier.

Deuxième round pour les agriculteurs français. Moins d'une année après un mouvement d'ampleur, qui avait contraint le gouvernement à multiplier les promesses pour lever les blocages, des syndicats agricoles appellent à redescendre dans la rue, bien décidés à se faire entendre une seconde fois.

Si les principaux syndicats agricoles n'ont pas exactement fourni le même calendrier, d'importantes mobilisations sont attendues à partir de la semaine prochaine en France, poussées par l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs et la Coordination rurale.

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Car, assurent-ils, les promesses sont loin d'avoir été entièrement concrétisées, retardées par la dissolution de l'Assemblée nationale qui a perturbé les travaux parlementaires.

Une partie des mesures concédées par Gabriel Attal lors de la précédente mobilisation hivernale, inscrites dans le budget 2025, attendent encore que ce dernier soit adopté – parmi lesquelles l'abandon de la hausse programmée de la taxe sur le gazole non routier (GNR), qui avait mis le feu aux poudres. De même pour la loi d'orientation agricole (LOA), qui ne reviendra qu'en janvier prochain au Sénat.

Pour les syndicats agricoles, notamment la FNSEA dont de nombreuses demandes avaient été satisfaites, il s'agit de maintenir la pression sur le nouveau gouvernement Barnier et s'assurer qu'elles soient bien mises en œuvre. Mais aussi de rappeler qu'à leurs yeux certaines mesures ne sont pas suffisantes et que d'autres manquent encore à l'appel. Les sujets du stockage de l'eau, des produits phytosanitaires, des trésoreries ou du revenu décent chahutent encore le monde agricole, d'autant plus que les syndicats n'en ont pas la même vision et veulent faire entendre leur voix.

Mauvaises récoltes

Depuis le printemps, les mauvaises nouvelles s'accumulent aussi sur les agriculteurs, attisant la colère. Perturbée par les pluies excessives et le manque d'ensoleillement, la récolte de blé tendre, principale production céréalière française, devrait être l'une des trois plus petites récoltes des quarante dernières années. Les vendanges annuelles, elles aussi, s'annoncent moroses. À cela s'y ajoute la propagation de maladies au sein de troupeaux de vaches et de brebis, telle que la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 3, menaçant la fertilité des animaux et la production future.

Une dernière couche s'y ajoute: le projet de traité de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, sujet hautement explosif. En passe d'être finalisé, le texte fait l'unanimité contre lui au sein des grands syndicats agricoles, craignant un afflux de productions brésiliennes ou argentines. Les agriculteurs ont le soutien du gouvernement (qui affirme refuser le texte "en l'état") mais la France ne dispose pas, pour l'heure, d'une minorité de blocage suffisante au sein des États membres pour entraver la signature du traité.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV