La production française d'abricots dégringole en 2024

Rude année pour les abricots français. Environ 84.000 tonnes devraient être ramassées dans les vergers de l'Hexagone d'ici la fin de la saison, un chiffre inférieur de 35% par rapport à l'année précédente, selon des estimations du ministère de l'Agriculture. Dans la vallée du Rhône, où l'on cueille la moitié des fruits, la production devrait même dégringoler de 47% en 2024. La situation est également difficile dans les régions méridionales d'Occitanie (-22%) et de Provence-Alpes-Côte d'Azur (-20%), où l'on récolte l'autre moitié des abricots français.
Cette chute n'est pas une surprise. L'année passée ayant été un très bon millésime pour la récolte d'abricots – près de 128.000 tonnes – les producteurs s'attendaient à voir les rendements diminuer par le phénomène d'alternance de la production. Plus concrètement, lorsqu'ils ont produit beaucoup de fruits au cours d'une saison, les arbres fruitiers "se reposent" la saison suivante. C'est le cas de l'abricotier. Ce qui était en revanche inattendu, c'est l'ampleur de la baisse de production, aggravée par les conditions météorologiques saisonnières.
Pluies excessives
De même que les melons, ou encore des céréales dont la récolte de blé tendre pourrait être l'une des plus faibles des quarante dernières années, les pluies excessives ont eu raison des bons rendements. Le mauvais temps humide au cours de la floraison a perturbé la pollinisation et causé des dégâts sur les fleurs, entraînant des chutes de fruits. Des orages, des épisodes de grêle et toujours des pluies récurrentes ont provoqué de nouvelles chutes de fruits jusqu'au début de l'été, de quoi réduire encore davantage la production d'abricots sur le sol français.
D'autant que les arbres avaient déjà été affaiblis par les canicules de l'été 2023, puis par le manque de froid au cours de l'hiver suivant. En hiver, les arbres entrent en "dormance", un repos en quelque sorte. Les arbres fruitiers ont besoin d'un certain nombre d'heures de froid (400 à 600 heures à moins de 7,2°C pour l'abricotier) pour garantir une bonne floraison et de bons rendements. Or, avec l'automne chaud et sec que l'on a connu en 2023, les abricotiers sont notamment entrés plus tardivement en dormance et se sont fatigués pour la nouvelle saison.
Précocité des fruits
De quoi faire maintenant grimper les prix en plein cœur de l'été? À la baisse de la production s'ajoute une précocité des variétés tardives, un phénomène récurrent ces dernières années, qui a concentré l'offre sur les mois de juin et de juillet. La récolte d'abricots s'écoule normalement jusqu'à la mi-septembre en France pour les dernières variétés de la saison.
Mais "nous aurons tout cueilli d'ici la fin de la semaine prochaine", souligne Raphaël Martinez, directeur de l'Association des organisations de producteurs (AOP) Pêches et abricots de France.
La consommation de l'abricot, comme tous les fruits estivaux, est étroitement liée au soleil et à la température: s'il fait beau et chaud, les Français en mangent. Avec le retour des fortes chaleurs en août, la consommation est repartie à la hausse. Et les prix avec elle, conséquence de la loi de l'offre et de la demande.
Selon les données de FranceAgriMer, un kilogramme d'abricots de calibre 40-45 millimètres se vendait 3,79 euros en moyenne dans la grande distribution au 8 août 2024, contre 2,97 euros au 10 août 2023.
Pour un kilogramme d'abricots de calibre 45-50 millimètres, il fallait débourser 4 euros en moyenne, contre 3,04 euros un an plus tôt.
Du côté des abricots bio, un kilogramme se vendait 8,43 euros en moyenne, contre 7,89 euros une année en arrière.