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Elle doit réduire la dépendance à la Russie: où en est l'usine d'engrais annoncée à Choose France l'an dernier?

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Alors que les députés européens ont acté jeudi des surtaxes sur les engrais russes, un consortium européen s’active pour ne plus dépendre de ces importations, notamment en implantant une usine en France. 

C’était l’une des grandes annonces de l’édition 2024 du sommet Choose France, à Versailles: un investissement d’1,3 milliard d’euros pour bâtir une usine d’engrais bas carbone, au nord d’Amiens, dans la Somme. L’objectif est que ce site produise 500.000 tonnes d’engrais par an, soit environ 10% de la consommation du secteur agricole français.

Un grand pas, alors que la France est fortement dépendante des importations, russes notamment, pour ses engrais. Selon les chiffres de la Commission européenne, la France a importé un peu plus de 735.000 tonnes d'engrais minéraux depuis la Russie l’an dernier. Trois fois plus qu’en 2020. Jeudi, le Parlement européen a d'ailleurs adopté une augmentation progressive de ses taxes contre les engrais russes et bélarusses afin de mettre fin à ses importations en trois ans.

Un consortium "paneuropéen", nommé FertigHy, mène ce projet de relocalisation de production d’engrais vert, avec plusieurs "investisseurs fondateurs": EIT InnoEnergy, RIC Energy, MAIRE, Siemens Financial Services, Invivo et Heineken. Après cette première usine en France, FertigHy souhaite dupliquer le modèle ailleurs en Europe.

Un engrais "abordable" pour les agriculteurs

En mai 2024, dans les allées de Choose France, le gouvernement avait adoubé le projet. Un an après, avec les autres investisseurs, le géant coopératif français Invivo (11,7 milliards d’euros de chiffres d’affaires au niveau mondial), est dans les starting-blocks. Son directeur général, Thierry Blandinières, espère que l’usine de la Somme sera opérationnelle en 2032. Il estime que c'est "une réponse directe aux défis de souveraineté alimentaire". Il prévoit de vendre cet engrais aux agriculteurs via ses coopératives membres et de l’imposer dans les cahiers des charges de ses propres activités. 

"Le sujet, c’est le prix", explique Thierry Blandinières. Il faut que cet engrais français soit compétitif.

"Il faut que cela soit abordable pour les agriculteurs", insistait aussi le directeur général de FertigHy, José Antonio de las Heras Alonso, au micro de BFM Business, en mai 2024 à Choose France.

Pour ce faire, les membres du consortium ont apporté des capitaux, mais ils attendent aussi un coup de pouce du gouvernement, sous la forme d’aides, comme celles qui ont été attribuées au secteur du bio, pour le développer. "Des discussions sont en cours avec la ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire", selon l’un des investisseurs. Ils négocient par ailleurs avec EDF, le prix de l’électricité et du gaz pour faire tourner l’usine étant bien évidemment aussi décisif. 

Pauline Tattevin