Cognac contre voitures: Pékin lèvera ses sanctions sur l'alcool français si l'Europe lève les siennes sur les véhicules électriques chinois

Des producteurs de Cognac manifestent à Cognac (sud-ouest de la France) le 17 septembre 2024 contre la menace de surtaxes chinoises sur leur produits. - Thibaud MORITZ © 2019 AFP
Les fabricants français de cognac ne sont pas encore sortis d'affaire selon l'agence Reuters. Certes, ils sont parvenus à un accord provisoire sur des prix minimaux à l'importation en Chine. Mais Pékin subordonne sa validation définitive à un autre dossier chaud: celui des droits de douane sur les voitures électriques chinoises, selon l'agence.
Les discussions entre les deux parties s'étirent depuis des mois alors que les ventes de cognac en Chine -le marché le plus rentable au monde pour ce spiritueux- ont diminué.
Il y a deux ans, Pékin s'en était pris au cognac alors que la Commission s'apprêtait à relever les tarifs douaniers sur les voitures électriques produites en Chine, pour protéger la filière automobile européenne et ses 13 millions de salariés face à la concurrence de l'Empire du milieu. En clair, la Chine se sert du cognac pour faire pression sur l'Europe.
Un accord, s'il était finalisé, soulagerait des groupes tels que Pernod Ricard, Remy Cointreau et LVMH, dont les ventes ont également ralenti aux Etats-Unis -plus grand marché du cognac en volume- en raison de l'inflation et de l'incertitude économique.
En l'absence d'un accord avant la date limite du 5 juillet fixée par la Chine pour mener à bien une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin européennes, dont la plupart sont des cognacs, la Chine pourrait rendre permanents les droits de douane provisoires déjà en place, qui peuvent atteindre 39%.
"Dommages collatéraux"
Lors d'une réunion d'information organisée le 12 juin à l'intention des fabricants de cognac, des avocats travaillant pour le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) ont détaillé les prix minimaux à l'importation décrits comme faisant partie de l'accord de principe obtenu à l'issue de longues négociations, comme le montrent une présentation que Reuters a pu consulter.
Le cognac "VS" ("Very Superior"), la catégorie la moins chère, aurait par exemple un prix d'importation minimum de 46 yuans (5,48 euros) par litre, selon la présentation.
Comme les producteurs de porc, les fabricants de cognac français se plaignent de subir des dommages collatéraux dans le conflit commercial plus large entre Bruxelles et Pékin après que la France a exprimé son soutien aux tarifs douaniers sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.
La Chine a imposé des droits temporaires sur le cognac à la suite d'une enquête sur le brandy lancée l'année dernière après que l'UE a accusé Pékin de subventions publiques injustes pour l'industrie automobile chinoise et a imposé des droits sur les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine.
Les actions de Rémy Cointreau et de Pernod Ricard ont respectivement chuté de 35 % et 33 % depuis que la Chine a annoncé des taxes temporaires à l'importation en octobre dernier. Les exportations mensuelles de cognac vers la Chine ont chuté de 70 % en raison du conflit commercial, selon les données du BNIC.