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"Sacrifiés au nom des voitures": les professionnels du porc craignent d'être victimes de la guerre douanière UE-Chine

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Alors que le cognac est déjà dans le viseur des autorités chinoises, les producteurs français de porc pensent être les suivants sur la liste des produits sanctionnés par la Chine en rétorsion du projet de hausse de droits de douane sur les voitures chinoises en Europe.

Les professionnels français du porc craignent d'être "les prochains sur la liste" et de se voir imposer des droits de douane prohibitifs par la Chine, en conflit avec l'Union européenne "au nom des voitures", a déclaré vendredi la directrice de leur organisation. Après les producteurs de cognac, qui doivent déjà débourser davantage pour être vendus en Chine, "on sait qu'on va être les prochains sur la liste", déplore Anne Richard, la directrice de l'interprofession Inaporc, qui rassemble éleveurs et transformateurs.

Malgré l'opposition de certains pays comme l'Allemagne, l'Union européenne est sur le point d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques importés de Chine. Avec ces surtaxes, l'UE espère protéger sa filière automobile de la concurrence des constructeurs chinois. Bruxelles juge leurs prix artificiellement bas en raison de subventions d'Etat.

Le cognac déjà pénalisé

Pékin a déjà répliqué en lançant des enquêtes anti-dumping visant les eaux-de-vie à base de vin importés d'Europe - dont le cognac est le fer de lance - mais aussi le porc et les produits laitiers. Depuis début octobre, les importateurs de cognac doivent déposer une caution, préfigurant des surtaxes douanières de l'ordre de 35%.

"On est en train d'handicaper les filières alimentaires au nom des voitures. Les professionnels refusent d'être sacrifiés", affirme Anne Richard.

Troisième producteur de porcs de l'UE, la France compte sur la Chine, son premier marché à l'export, pour valoriser des morceaux peu consommés sur son sol (oreilles, pieds...). Les Chinois seront "encore demandeurs d'abats", estime la directrice l'Inaporc. Elle craint surtout une "spirale à la baisse des prix" sur le marché européen si l'Espagne et les Pays-Bas, qui exportent de la viande de porc vers la Chine, doivent réorienter une partie des volumes sur le continent.

En septembre, depuis Shanghai, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez avait appelé les pays membres de l'UE et la Commission européenne à "revoir" leur position au sujet des taxes sur les véhicules électriques. L'Espagne est le premier producteur de porcs de l'UE et le plus grand exportateur européen vers la Chine.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco