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Aéronautique

Vol Londres-Singapour: y a-t-il de plus en plus de turbulences aériennes?

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Des scientifiques expliquent qu'en raison du dérèglement climatique qui accentue les différences de températures, le nombre de turbulences aériennes est en forte augmentation mais les décès de passagers liés à ces phénomènes sont quant à eux plus rares.

Les turbulences atmosphériques, à l'image de celles qui ont provoqué la mort d'un passager sur un vol de Singapore Airlines, sont des phénomènes parfois difficiles à prévoir et en voie d'augmentation à cause du changement climatique, selon les experts.

Les turbulences aériennes sont liées à un changement dans les courants d'air affectant la stabilité d'un vol. Elles peuvent être provoquées par des orages, les mouvements d'air autour de montagnes, des fronts d'air froid ou chaud, ou encore les jet streams - des bandes de vents forts en circulation autour de la Terre à certaines latitudes.

Concernant le vol affecté mardi, les "premiers éléments semblent indiquer une turbulence en air clair, le type de turbulence le plus dangereux", selon un communiqué de l'Association of Flight Attendants-CWA, représentant plusieurs dizaines de milliers d'agents de bord. Ces turbulences "en air clair" sont définies comme "des turbulences soudaines et importantes se produisant dans des zones sans nuage et causant de violentes secousses de l'avion", selon le régulateur américain de l'aviation civile (FAA).

Un risque de "doublement voire triplement"

Selon l'agence, ce type de turbulence peut notamment se produire près des jets streams et est communément associé à un phénomène de cisaillement du vent (changements soudains de vitesse et/ou de direction du vent). Selon les recherches de Paul Williams, professeur en sciences de l'atmosphère à l'Université de Reading, la crise climatique aggrave la fréquence des turbulences.

"Le changement climatique accroît la différence de température entre les pôles froids et les tropiques chauds", ces derniers "se réchauffant plus vite que les pôles aux altitudes de croisière", explique-t-il. "Cet effet entraîne davantage de cisaillement dans le jet stream, ce qui génère davantage de turbulences."

Selon Paul Williams, les turbulences "en air clair" graves dans l'Atlantique nord ont déjà augmenté de 55% depuis 1979. "Nos dernières projections sont un doublement voire un triplement des turbulences graves dans les jet streams dans les décennies à venir, si le climat continue à se réchauffer comme attendu", a-t-il ajouté.

Invité de la matinale de Franceinfo, l'aviateur militaire Xavier Tytelman confirme cette augmentation de la fréquence des turbulences aériennes, mais rappelle que celles ayant des conséquences physiques sur les passagers se raréfient. "Des grosses turbulences de cette ampleur qui vont faire des dizaines de blessés parmi les gens qui ne sont pas attachés, il y en a 5-6 par an donc c'est quand même très rare sur les dizaines de millions de vols qui ont lieu, souligne le rédacteur en chef du magazine Air & Cosmos. En réalité il y en a de moins en moins."

Timothée Talbi avec AFP