Un mort dans un avion de Singapore Airlines: pourquoi les turbulences peuvent être si violentes?

Une personne est morte et une trentaine ont été blessées à bord d'un avion de Singapore Airlines qui a subi de "fortes turbulences" pendant son vol depuis Londres vers Singapour. 211 passagers et 18 membres d'équipage étaient à bord.
Lors d'une conférence de presse, les autorités thaï ont indiqué que la victime, un Britannique de 73 ans, avait probablement été victime d'une crise cardiaque. Celles-ci ont précisé que 7 des blessés se trouvent en urgence absolue.
Connaître des turbulences en vol est chose courante, elles font partie de tout trajet. Mais à part causer un inconfort pour les passagers, elles ne provoquent généralement pas un bilan aussi lourd.
À quoi correspondent précisément les turbulences?
Les turbulences sont causées par différentes situations météorologiques comme les formations nuageuses (les nuages à développement vertical), les orages et les courants d'air dans les chaînes de montagnes ou les courants-jets.
Le cisaillement du vent peut également être à l'origine de turbulences. Il s'agit d'une variation assez brusque de l'intensité et de la direction du vent. L'avion se déplace alors violemment en raison des changements de vitesse et de direction des courants d'air.
Les turbulences sont plus fréquentes la journée. La nuit ou tôt le matin, elles sont rares car les courants d'air sont plus doux. Elles sont tendance à se produire à basse altitude mais pas seulement. Le dérèglement climatique amplifierait, selon certains experts, ces phénomènes.
Trois types de turbulences
Elles sont classées en trois familles. Les turbulences "légères" engendrent un petit mouvement de l'avion qui n'a pas d'incidence sur le confort des passagers. Les turbulences "modérées" impliquent que les passagers ne peuvent pas tenir debout dans l'avion.
Enfin, lors des turbulences "sévères", l'avion se déplace de telle manière que le passager a l'impression d'être collé à son siège (s'il est attaché), ou qu'il s'envole de son siège avec un risque important d'être projeté contre le plafond de l'appareil. C'est probablement ce qui s'est passé sur le vol de Singapore Airlines. D'où l'intérêt de rester pendant tout le vol attaché comme le préconisent les personnels à bord.
La place qu'on occupe à bord a également son importance: les sièges situés au centre de gravité de l'avion et dans les ailes offrent le plus de protection, ceux situés à l'arrière le moins.
Les avions conçus pour y résister, les pilotes préparés
Les avions sont fabriqués pour résister aux turbulences les plus agressives tandis que les pilotes bénéficient de formations dédiées qui leur permettent d'anticiper les gros dangers ou de s'adapter en changeant d'altitude ou en réduisant la vitesse de l'appareil.
Dans le même temps, les capteurs, le radar météo et des prévisions météo plus fines permettent de renforcer cette anticipation même si le risque zéro n'existe pas.
De nouvelles technologies permettent d'aller plus loin. Boeing teste ainsi un laser placé à l'avant de l'avion qui peut détecter les particules qui produisent des turbulences à une distance de 17 kilomètres.
Pourquoi un si lourd bilan?
Selon l'Associated Press, qui a analysé les données du site de suivi Flightradar24, l'avion qui volait à une altitude de 11.300 mètres "a soudainement et brusquement piqué du nez" et descendu à 9.400 mètres "en l'espace d'environ trois minutes" alors qu'il "survolait la mer d'Andaman". Soit une chute de 1.900 mètres.
"Les turbulences sévères sont assez rares en général", explique sur BFMTV Charles Clair, pilote de ligne et président de Clair group.
"L'avion n'est pas censé rentrer dans ces nuages à développement vertical, le radar météo est censé détecter ce type de nuage pour les éviter par la droite ou par la gauche."
"Il semblerait que l'avion n'a pas pu éviter ce type de nuage", ajoute le pilote qui évoque la possibilité d'une panne de ce radar. Pour autant, le fait de ne pas être attaché explique en grande partie les blessures lors de turbulences.
Et Charles Clair d'ajouter: "Il est très probable que l'ensemble des passagers qui ont été blessés n'étaient pas attachés car la ceinture vous maintient même à facteur de charge négative. Lorsque vous ne l'êtes pas, vous pouvez vous déplacer de plusieurs mètres et dans un avion il y a des surfaces contondantes" qui peuvent blesser gravement.