"Plus la référence absolue": la sécurité aérienne en question aux États-Unis après une série d'incidents

Depuis plusieurs mois, les incidents aériens se multiplient aux États-Unis comme la collision mortelle (67 victimes) en vol près de l’aéroport national Ronald Reagan de Washington le 29 janvier ou encore la quasi-collision de deux appareils à Washigton et Chicago quelques jours plus tôt.
De quoi susciter une vive inquiétude dans le pays qui s'est traduite par une audition de responsables du secteur devant la Chambre des représentants. Cette dernière a débouché sur des conclusions pas vraiment rassurantes.
"Nous ne sommes plus la référence absolue de l’aviation", a ainsi témoigné Paul Rinaldi, qui a passé 30 ans à la FAA, dont la moitié en tant que contrôleur aérien, rapporte CNN. "Nous ne sommes même pas sur le podium mondial", poursuit l'expert qui bat donc en brèche l'idée ancienne et répétée que le système d’aviation du pays était la "référence absolue" en matière de sécurité.
Un avis confirmé par Troy Nehls, président du sous-comité sur l’aviation, qui a souligné que 105 des 138 systèmes de la Federal Aviation Administration (FAA) ne sont pas viables ou potentiellement viables.
Vieillissement des infrastructures
"Pour un pays qui se considère comme la référence absolue en matière de sécurité aérienne, ces chiffres sont inacceptables et nous devons faire mieux", a déclaré Nehls, un député républicain du Texas, dans son discours d’ouverture.
"S’il est facile de rejeter la faute sur la FAA, et sa gestion de projet n’est certainement pas irréprochable, nous devons également examiner nos propres lacunes".
En cause notamment, le vieillissement des infrastructures, la pénurie chronique de personnel de contrôleurs aériens et un processus de recrutement défaillant, selon les professionnels interrogés par le législateur.
Pour inverser la tendance, le secrétaire aux Transports Sean Duffy a présenté un nouveau plan visant à "dynamiser" le processus de recrutement des contrôleurs aériens de la FAA, notamment grâce une augmentation de salaire de 30% et une simplification du processus.
Une initiative qui se heurte néanmoins à la volonté d'Elon Musk et de son Department of Government Efficiency (DOGE) de sabrer dans les effectifs de l'agence fédérale. Près de 400 licenciements ont déjà été actés, ils concernent des employés en "période d'essai", soit des salariés en fonction depuis moins d'un an.
Conflit d'intérêt
Même si les contrôleurs aériens et les inspecteurs de la sécurité aérienne n’ont pas été visés par ces renvois, les élus démocrates estiment que ce choix fragilise encore plus le secteur aérien américain.
"Je suis stupéfait que les coprésidents Musk et Trump licencient plus de 400 employés de la FAA, y compris ceux qui entretiennent les systèmes radar et les équipements d’atterrissage, alors que la sécurité aérienne est déjà en danger", a ainsi déclaré Hank Johnson, élu démocrate de Géorgie.
Quant au représentant du Tennessee Steve Cohen, le démocrate le plus haut placé au sous-comité de l’aviation de la Chambre, il a qualifié les licenciements à la FAA de "dangereux et injustifiés".
Elon Musk a également vertement critiqué le géant américain des télécoms Verizon qui selon lui a échoué à mettre à niveau le système de contrôle du trafic aérien de la FAA. Son idée, remplacer Verizon par Starlink, sa propre entreprise.
"Les Américains sont profondément troublés et préoccupés par la façon dont notre sécurité aérienne est compromise par le conflit d’intérêt flagrant du coprésident Elon Musk", a tancé Hank Johnson.