Ni Airbus, ni Boeing: United Airlines pourrait commander 200 de ses futurs avions à… une start-up

Le Z4 de JetZero pourrait voler aux couleurs de United Airlines. - JetZero
À peine est-il titillé par l'arrivée progressive du constructeur chinois Comac que le duopole habituel de l'aviation civile Boeing-Airbus voit déjà un nouvel entrant lui ravir un (potentiel) futur gros contrat. La compagnie américaine United Airlines a en effet annoncé investir dans la start-up californienne JetZero. Petite particularité: les avions développés par JetZero ne ressemblent pas à ceux de Boeing ou Airbus, on parle plutôt d'"ailes volantes".
Le montant de l'investissement de United Airlines Ventures dans le projet de JetZero n'a pas été dévoilé, mais le partenariat est prometteur: si la start-up californienne remplit les objectifs de développement –incluant le vol d'un démonstrateur grandeur nature en 2027 et sous réserve que l'avion remplisse les conditions en matière de sécurité des vols– alors, la compagnie aérienne américaine pourrait commander jusqu'à 200 appareils, répartis entre une première tranche de 100 avions et 100 autres en option.
Pour y parvenir, JetZero a conclu des collaborations avec d'autres partenaires industriels: Pratt&Whitney pour intégrer le moteur PW2040, Thales pour les commandes de vol. Une autre compagnie aérienne s'est également impliquée dans le projet: Delta Airlines a signé un accord de partenariat en mars 2025 pour travailler au développement de technologies.
Une aile volante aux capacités améliorées
Le modèle développé par JetZero, baptisé Z4, relève de la catégorie des avions à fuselage intégré ("blended wing body" – BWB), c'est-à-dire un fuselage qui intègre au maximum la voilure (les ailes) d'un seul tenant. Dérivé des ailes volantes, le concept a été éprouvé pour des avions militaires, typiquement les bombardiers B-2 Spirit et B-21 Raider de Northrop Grumman, mais aussi le démonstrateur de drone nEUROn de Dassault Aviation.
Si l'intérêt de cette forme repose sur la furtivité pour l'aviation militaire, à savoir être discret face aux radars adverses, dans le domaine de l'aviation civile, le bénéfice serait surtout de proposer des avions consommant moins de carburant –et donc plus rentables. JetZero indique d'ailleurs que le Z4 afficherait une réduction de 50% de la consommation de carburant par rapport à un avion de dimensions analogues.
"En faisant grossir le fuselage et en l'intégrant le plus possible à la voilure, on dispose d'un avion plus compact, mais avec une grande capacité d'emport", explique à BFM Business un spécialiste de l'aéronautique.
JetZero précise que, dans le domaine civil, son avion pourrait transporter 250 passagers. Parmi les autres utilisations possibles du Z4 figurent le transport de fret (civil ou militaire), ainsi que le ravitaillement en vol pour les appareils militaires. JetZero a d'ailleurs reçu un financement de 235 millions de dollars de l'US Air Force en 2023 pour travailler sur le développement de son prototype.
La start-up californienne affiche ses ambitions en termes d'expérience passager: des sièges plus grands, plus d'espace pour les bagages et une accessibilité améliorée –notamment des allées plus larges et des toilettes plus fonctionnelles.
Des contraintes industrielles
Si le BWB offre des avantages en matière d'aérodynamique –et donc de réduction des consommations énergétiques, il recèle cependant quelques contraintes. Certaines sont liées aux processus de fabrication qu'il faudrait "revoir de A à Z", selon l'expert contacté par BFM Business, et adapter l'outil industriel. Il est plus facile de fabriquer des fuselages cylindriques que des avions aux formes complexes telles que le Z4.
La pressurisation en cabine est également un facteur limitant, explique l'expert: "il est beaucoup plus simple de pressuriser une section en forme de cigare telle qu'un avion (ou un sous-marin) qu'un intérieur aux formes différentes".
Des contraintes liées aux lois de la physique sur lesquelles planchent les ingénieurs de JetZero, afin de pouvoir proposer un avion économiquement rentable en termes d'exploitation et de maintenance.