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Aéronautique

Droits de douane: l'astuce de Delta pour importer un Airbus A350 aux Etats-Unis sans surtaxe

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La grande compagnie aérienne américaine avait prévenu qu'il stopperait les réceptions de nouveaux appareils si elle devait payer les taxes supplémentaires imposées par l'administration Trump.

La grande offensive commerciale mondiale de Donald Trump contre l'Europe n'épargne évidemment pas l'aéronautique avec Airbus. La menace d'imposer 20% de droits de douane supplémentaires sur les importations d'avions neufs n'a pas encore été appliquée mais les Etats-Unis imposent actuellement 10% de plus sur chaque avion qui arrive sue le sol américain.

Pour les clients d'Airbus et de Boeing, la situation est compliquée. Non seulement les livraisons d'avions neufs sont depuis des mois ralenties, les prix augmentent (+16% au cours des cinq dernières années selon une étude d'Allianz) et vont encore augmenter avec les droits de douane supplémentaires (+10 à 20%).

Face à cette situation Delta Air Line a annoncé qu'il suspendrait la réception de ses nouvelles commandes d'Airbus A350-1000 s'il devait payer les nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump.

"Airbus est un excellent partenaire, et nous ferons tout notre possible pour minimiser les droits de douane, mais nous sommes très clairs: nous ne paierons pas de droits de douane sur les livraisons d'avions que nous accepterons" indique Ed Bastain, son PDG.

Pour autant, avec un besoin en sièges toujours plus important, Delta a trouvé une astuce pour réceptionner un Airbus A350-900 neuf assemblé en Europe sans payer de droits de douane supplémentaires.

De Toulouse vers les Etats-Unis en passant par Tokyo

Au lieu de voler depuis Toulouse pour rejoindre les Etats-Unis, l'avion est d'abord passé par Tokyo avant d'être mis en service pour un vol commercial. Ce détour permet à l'appareil d'échapper à la classification de "nouvelle importation".

En effet, selon la législation américaine, un avion est considéré comme neuf à la condition qu'il n'ait effectué aucun vol opérationnel autre que des essais de production ou des livraisons directes. En effectuant cette première liaison hors des Etats-Unis, l'appareil n'est plus considéré comme "nouvelle" importation et échappe donc à la surtaxe.

Rappelons qu'Airbus possède des sites de production aux Etats-Unis, lui permettant de livrer des appareils aux compagnies américaines sans craindre des surtaxes. Mais ces usines ne produisent que des moyens courrier A220 et A320.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business