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Comment les droits de douane américains risquent de plomber l'activité touristique des États-Unis

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Selon une note d'Allianz, les compagnies aériennes nord-américaines font déjà état d'une baisse de 10% de leur chiffre d’affaires au premier trimestre par rapport au trimestre précédent.

Le secteur aérien se prépare à d'importantes turbulences. En cause, l'application des surtaxes douanières de l'administration Trump qui auront, selon une note d'Allianz, des conséquences à la fois sur l'offre et la demande.

Du côté de la demande, les craintes inflationnistes et les incertitudes liées à la détérioration des relations diplomatiques "pourraient peser sur le tourisme" aux États-Unis.

"En effet, le Canada et le Mexique représentent 52% (37 millions) du total des touristes visitant les États-Unis chaque année. Selon les services des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, le nombre de visiteurs traversant les frontières nord et sud a déjà diminué de -6% en glissement annuel en février et de -8% en mars", peut-on lire.

Et de poursuivre: "bien que les compagnies aériennes américaines soient plus touchées, les transporteurs transatlantiques doivent également se préparer à un ralentissement des réservations vers les États-Unis".

"Par conséquent, un ralentissement du tourisme affectera non seulement les transporteurs américains et régionaux comme Air Canada et Aeroméxico, mais aussi tous les groupes aériens dont les revenus sont exposés au marché américain", estime Allianz.

-17% de touristes européens en mars

Selon l'Office national du voyage et du tourisme (NTTO), le tourisme entrant aux États-Unis en provenance d'Europe occidentale a chuté de -17% en glissement annuel en mars et de -7% en glissement annuel au cours des trois premiers mois de 2025, l'Allemagne (-28% en glissement annuel) et l'Espagne (-25% en glissement annuel) enregistrant les plus fortes baisses.

"Les compagnies aériennes nord-américaines prévoient désormais la plus faible croissance mondiale de leur chiffre d’affaires en 2025 (+1%) et font déjà état d'une baisse de 10% de leur chiffre d’affaires au premier trimestre par rapport au trimestre précédent. Toutefois, le refroidissement des prix du kérosène (-22% en glissement annuel) devrait amortir en partie le choc", peut-on lire.

Du côté de l'offre, l'assureur estime que ces surtaxes vont encore accentuer la pénurie d'avions neufs et augmenter leurs prix.

"Les compagnies aériennes sont désormais confrontées à une flambée des coûts des avions (+16%) et à une offre limitée, les livraisons restant inférieures de 10% aux niveaux d'avant la pandémie et un carnet de commandes record de 17.000 avions aggravant encore les retards", peut-on lire.

Des avions neufs plus chers de 20%

"Les nouveaux droits de douane menacent de rendre les chaînes d’approvisionnement complexes de Boeing et d’Airbus plus coûteuses, tous deux disposant d’installations de production aux États-Unis et de plus de la moitié de leurs fournisseurs à l’étranger", poursuit Allianz.

Rappelons par exemple que Boeing doit importer de nombreuses pièces d'Europe, pièces qui seront soumises à des surtaxes de 20% si Donald Trump applique son plan.

"Cela se traduira par une hausse d'au moins 10% des coûts de production de l'entreprise, une fois les droits de douane plus élevés entrés en vigueur (Safran étant le principal fournisseur non américain). Pour Airbus, les États-Unis sont le principal fournisseur (2.000 fournisseurs répartis dans 40 États), avec des sites de production clés en Alabama, au Mississippi et en Floride. Par conséquent, l'entreprise sera également confrontée à des droits de douane plus élevés sur les composants nécessaires à la construction de ses avions", peut-on lire.

"Le prix des avions a augmenté de 16% au cours des cinq dernières années et les prix devraient continuer d'augmenter d'environ 20% d'ici 2030", ajoute l'assureur.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business