"C’est de l’ordre du miracle": un contrôleur aérien revient sur la catastrophe évitée à l'aéroport de Nice

L'incident a profondément marqué les contrôleurs aériens de l'aéroport de Nice. Le 21 septembre vers 23h30, deux avions ont failli entrer en collision à l'aéroport de Nice; un appareil de la compagnie tunisienne Nouvelair en cours d'atterrissage a frôlé un autre appareil d'Easyjet qui se trouvait déjà sur la piste au même moment et qui se préparait à décoller.
Le rapport préliminaire du BEA, le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile est sans ambuiguïtés: l'appareil de Nouvelair s'apprêtait à atterrir sur une mauvaise piste. "L’équipage du TS-INP (l'A320 de Nouvelair, NDLR) est autorisé à l’atterrissage sur la piste 04L mais s’aligne sur la piste 04R occupée par le OE-IJZ (l'A320 d'Easyjet) aligné et prêt au décollage. Il approche de la piste 04R jusqu’à survoler le OE-IJZ puis il interrompt son atterrissage", peut-on lire.
Pointés du doigt par Christian Estrosi, le maire de Nice, les contrôleurs aériens ont exprimé leur ras-le-bol. D'habitude soumis au devoir de réserve, l'un d'entre eux, témoin indirect de l'incident, s'est confié anonymement à France 3 et met en avant de nouveaux éléments.
"Mes collègues ont super bien réagi"
Il confirme d'abord que ses collègues ont bien donné la bonne information au pilote de l'avion tunisien, avec une autorisation pour la piste 04L. Très vite, l'alarme de piste, un dispositif "visuel et sonore, à la disposition du contrôle", sonne. Le pilote est averti, à la tour de contrôle, il confirme viser la piste de gauche mais se dirige en réalité vers la piste de droite.
"C’est là que mon collègue lui a fait remettre les gaz (...) J’ai pas l’habitude de faire de catastrophisme, mais c’est de l’ordre du miracle. Les personnels sont très marqués", dit-il. "Mes collègues ont super bien réagi, l’effectif était au complet ce jour-là", assure-t-il.
Pour autant, l'aiguilleur du ciel ne fait pas porter l'entière responsabilité de l'incident au pilote de Nouvelair. "Les pilotes se plaignent depuis plus de 6 mois d’une différence d’intensité lumineuse dans le balisage des pistes de Nice", dévoile-t-il. De quoi créer des confusions, souligne-t-il.
Selon lui, "ce type de confusion a déjà eu lieu" à l'aéroport de Nice, "dans l'autre sens, il y a deux mois", indique-t-il.
Par contre, le contrôleur conteste un des éléments mis en avant par la compagnie tunisienne, à savoir des conditions météo difficiles et une faible visibilité, "ce qui n'est pas vrai", dit-il.
Rappelons que le procureur de Nice a annoncé, lundi 22 septembre, l'ouverture d'une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui", confiée à la brigade de gendarmerie des transports aériens (GTA). Une autre enquête interne est menée par la direction du Service de la Navigation Aérienne.