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2300 emplois menacés en France: chez Michelin, l’histoire se répète

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Michelin - Marco Bertorello - AFP

Ces dernières années, le groupe français de pneumatiques n'a cessé de s'adapter à l'évolution du marché en recourant à des plans de réorganisation pour préserver sa compétitivité.

Confronté à la concurrence des pneus à bas prix, Michelin va tailler dans ses effectifs. Le fabricant français de pneumatiques a présenté ce mercredi un "plan de simplification et de compétitivité" qui prévoit de supprimer jusqu’à 2300 postes sur trois ans dans l’Hexagone, sans départs contraints ni fermeture d’usine.

Le groupe dit viser une "amélioration de sa compétitivité pouvant aller jusqu’à 5% par an" pour les activités tertiaires et pour l’industrie. Il a par ailleurs indiqué que tous ses sites français, dont le siège de Clermont-Ferrand, seraient concernés par ce projet de réorganisation dont l’élaboration a débuté il y a déjà 18 mois.

Des restructurations à répétition

Si Michelin martèle que son plan ne sera composé que de départs volontaires et de pré-retraites, c'est un nouveau coup dur pour les salariés de l’entreprise, laquelle a vu ses effectifs français passer de 30.000 en 2003 à 21.000 aujourd’hui.

Déjà en 2017, le groupe avait supprimé 970 postes en France, sans licenciement, notamment à son siège de Clermont-Ferrand, dans le cadre d’un vaste plan de réorganisation mondiale prévoyant de réduire de 1500 ses effectifs globaux. Fin 2020, Bibendum actait également la fermeture de son usine de la Roche-sur-Yon et la suppression des 619 emplois du site.

Une fermeture qui s'ajoute à celles des usines de Poitiers, Toul ou encore Seclin dans le cadre de divers plans de restructuration menés ces dernières années. Le plus traumatisant demeurant sans doute celui de 1999 avec l’annonce d’une coupe historique de 7500 postes en Europe sur trois ans, dont 1880 en France.

Bis repetita en 2004 lorsque le pneumaticien dit prévoir la suppression de 2900 postes d’ici 2006 en profitant des 6000 départs en retraite ou préretraite volontaire prévus sur cette même période. Trois ans plus tard, un nouveau plan de restructuration entérine la suppression de 1093 emplois dans l’Hexagone, toujours sans licenciement. En 2013, c’est l’usine de Joué-les-Tours qui est ciblée alors que le secteur du pneu de camion est en difficulté. Michelin y supprimera 726 postes sur 930.

"Effort de compétitivité nécessaire et permanent"

Ces plans de restructuration à répétition agacent élus et représentants du personnel. "Pour Michelin, la meilleure façon d’avancer est de commencer par réduire le nombre de salariés", déplore auprès de la Nouvelle République le syndicat Sud Michelin. En 2009, les agissements du groupe étaient déjà montrés du doigt par Martine Aubry, alors première secrétaire du Parti socialiste, qui dénonçait la fermeture du site de Noyelles-lès-Seclin dans sa région: "Le groupe Michelin passe son temps à faire des licenciements déguisés", avait-elle déclaré.

Pour ce qui est du plan présenté ce mercredi, le président du groupe clermontois, Florent Menegaux, a toutefois promis que Michelin recréerait "autant d’emplois qu’il y en aura de supprimé", l’entreprise prévoyant d’accompagner les territoires et d’accroître son activité dans divers domaines en parallèle de ce plan de simplification.

Selon lui, cet "effort de compétitivité" est "nécessaire et permanent" pour "assurer la pérennité" des activités de l’entreprise. "Dans nos activités industrielles historiques, nous ne sommes pas au niveau de compétitivité attendue si nous la comparons à celles de nos concurrents", a-t-il expliqué.

Mais "Michelin n’abandonne pas la France", a-t-il promis, indiquant que le groupe allait "réinvestir une partie des économies réalisées dans l’activité pneumatique comme dans le développement de nouvelles activités, dont une grande partie sera localisée en France, comme la pile à hydrogène, l’impression 3D ou les colles non toxiques".
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco